Le 3e Colloque international de géographie et médecine a été l'occasion pour des experts d'origines professionnelles variées d'échanges sur les liens tissés entre les différentes disciplines : climatologie et épidémiologie, pollution et cancérologie, changements climatiques et inégalité devant les risques. Ces données participent ensuite aux décisions dans le domaine de la santé, au niveau national comme au niveau international, à travers l'OMS.
« Dis-moi où tu habitais, je te dirai tes risques de cancer »
En utilisant ainsi des informations géographiques, on peut évaluer le taux d'exposition à la pollution de l'air d'une population précise et tenter de comprendre son influence nocive sur l'organisme. Le Dr Tom Bellander, du Karolinska Institut, en Suède, a étudié à Stockholm l'environnement citadin, ces trente dernières années, d'une population d'adultes atteints aujourd'hui d'un cancer du poumon. Il a réalisé une carte géographique qui définit une moyenne de concentration de dioxyde de carbone au même endroit en 1960 et en 1980, et l'étendue grandissante de la tâche. Il a ensuite comparé ses cartes avec les paramètres historiques personnels et résidentiels de ses malades. Une clé pour comprendre pourquoi 10 % des pathologies pulmonaires trouvent une origine dans la pollution. « Les gens qui vivaient leur jeunesse dans un environnement pollué ont 30 % plus de chances de développer un cancer du poumon à l'âge adulte », conclut l'auteur de l'étude . Un avenir plutôt sombre qui ne concerne pas seulement le cancer, mais aussi l'asthme, grand problème de santé d'une population américaine, plutôt citadine, pauvre et jeune, confirme un autre programme de recherche conduit par la NASA.
Des problèmes très contemporains
Outre des réponses quant à l'origine de certaines pathologies, les experts cherchent aussi à en savoir plus sur les voyages de certains virus qui apparaissent ici et là alors qu'ils étaient inconnus dans certaines contrées du globe. L'augmentation du nombre de voyageurs, la rapidité des transports qui permet la survivance de ces virus, les changements climatiques et météorologiques sont évalués pour tenter de prévoir l'ampleur d'épidémies et mettre en garde les gouvernements. L'OMS joue ici son rôle de relais entre les géo-spécialistes et les instances sanitaires propres à chaque pays. « Enfin, en ces temps risqués de bioterrorisme, la surveillance est renforcée. Elle s'appuie sur des systèmes déjà mis en place, comme pour la grippe, et qui savent aussi détecter d'autres agents pathogènes », explique le représentant de l'OMS présent au colloque.
Third International Workshop on Geography and Medicine, organisé par l'INSERM en partenariat avec l'AP-HP, l'université Pierre-et-Marie-Curie, l'Institut de recherche pour le développement, la NASA, le CNES, l'OMS et le Conseil de l'Europe. Internet : oms.u444.jussieu.fr/geomed2001.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature