En 1921, le Pr Gustave Roussy crée la première consultation pour les malades atteints de tumeurs, à l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif. Aujourd'hui l'Institut Gustave-Roussy (IGR) inaugure une plate-forme génomique.
« L'IGR est une structure unique en France car elle permet d'aborder toutes les facettes du cancer », souligne le Pr Gilbert Lenoir, son directeur de recherche. « La cancérologie est à un tournant : on peut faire le parallèle avec le moment situé entre la révolution de Pasteur et la découverte des antibiotiques. On comprend maintenant maintenant pourquoi une cellule devient folle et d'où naissent les tumeurs », rappelle le Pr Thomas Tursz, directeur de l'IGR.
Dans ce contexte, la génomique ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques. Le séquençage du génome humain et le développement de technologies extrêmement puissantes dites à haut débit rendent désormais possible l'analyse de gènes (jusqu'à 30 000), ou des protéines présentes dans une tumeur, en une seule expérience grâce à des puces à ADN. « Jusqu'à présent, les études gène par gène n'avaient pas permis de progrès significatifs pour les patients, note le Dr Gilles Vassal, de l'IGR. La génomique va permettre un saut quantique ; le défi thérapeutique à venir est de développer des traitements plus ciblés, plus efficaces et éventuellement moins toxiques. »
Par exemple, il existe des sarcomes dont l'aspect morphologique en histologie est celui de tumeurs très indifférenciées qui posent un problème de prise en charge thérapeutique optimale. L'analyse des anomalies géniques par CGH-array pourra définir à quel type de sarcome plus différencié il appartient en recherchant les anomalies génomiques caractéristiques, ce qui permettra de choisir un traitement plus adapté. Le Dr Nathalie Lassau rappelle les effets des progrès de l'imagerie en cancérologie : « Grâce à la numérisation, aux nouveaux produits de contraste et aux logiciels de perfusion, on peut voir, 24 heures après le début du traitement, quels sont les bons et les mauvais
répondeurs. »
En ce qui concerne la recherche, le Dr Françoise Clavel-Chapelon poursuit ses travaux dans le cadre de l'étude européenne EPIC (European Prospective Investigation on Cancer) sur le cancer du sein, en analysant l'influence des facteurs reproductifs, des traitements hormonaux, de l'alimentation, des caractéristiques anthropométriques et de l'activité physique. La particularité d'une recherche à l'hôpital est qu'elle part du patient pour y revenir. « La nécessité de l'humanisation de la cancérologie est primordiale pour la réussite du plan cancer », insiste le Pr Tursz.
Au service du malade
Une vision partagée par la ministre déléguée à la Recherche et aux nouvelles technologies, Claudie Haigneré. « La création d'un tel pôle cancérologique montre comment des outils performants, tels les puces à ADN, peuvent répondre à une démarche clinique au service des patients », analyse-t-elle. « Partir du malade pour revenir au malade me semble essentiel. La France connaît un réel retard dans ce domaine. Une initiative comme celle du de l'IGR pourra être un facteur décisif pour renverser la tendance. » Un cancéropôle Ile-de-France a été créé dans le même but, sous l'égide du ministère, associant l'IGR à l'Institut Curie et à l'hôpital Saint-Louis.
L'Institut Gustave-Roussy
L'IGR est un centre de lutte contre le cancer (CLCC), établissement privé à but non lucratif. Déclaré d'utilité publique, il participe au service public hospitalier. Il est financé par la Sécurité sociale et, pour la recherche, par des fonds provenant d'organismes publics et de donateurs privés. Les praticiens lui consacrent entièrement leur activité et n'ont pas de clientèle privée. L'IGR est rattaché à la faculté de médecine du Kremlin-Bicêtre (université de Paris-XI - Paris-Sud).
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