En COMPARANT les génomes de plus de 250 souches du virus H5N1 isolées au cours des quatre dernières années, des biologistes chinois ont réussi à reconstituer l'histoire génétique de la souche responsable de l'épidémie de grippe aviaire de l'hiver dernier, la souche « Z ».
Li et coll. ont établi que tous les virus H5N1 dérivent de la souche Gs/Gd isolée en 1997. L'apparition de mutations spontanées et les échanges génétiques se produisant entre virus apparentés ont conduit à l'émergence de différents variants dont les valeurs sélectives sont très variables. En 2001, six nouvelles souches (A, B, C, D, E et X0) étaient apparues. Huit autres souches inédites ont été isolées l'année suivante (V, W, X1, X2, X3, Y, Z et Z+), mais les souches Gs/Gd, A, C, D et E avaient alors déjà visiblement disparu. Cette observation suggère que les génotypes les plus récemment apparus ont un avantage sélectif qui leur a permis de se fixer au détriment des génotypes les plus anciens.
La souche Z semble être celle qui possède la plus forte valeur sélective. Elle est devenue dominante dès 2002. En 2003, sur les 62 virus isolés, 60 appartenaient au groupe Z. En 2004, tous les virus isolés en Indonésie, en Thaïlande et au Vietnam étaient du groupe Z.
Les canards domestiques.
Les résultats de Li et coll. apportent en outre des renseignements sur l'origine écologique du virus. Les canards domestiques du sud de la Chine auraient un rôle central dans la génération et le maintien du virus. Quant aux oiseaux sauvages, ils ont probablement contribué à la dissémination du virus sur le continent asiatique.
Le virus H5N1 est maintenant endémique chez les volailles asiatiques. Le risque de transmission du virus à l'homme semble assez faible pour le moment et aucune donnée ne permet d'affirmer que la transmission interhumaine est possible. Cependant, l'exposition importante et continue de la population humaine à H5N1 contribue à augmenter le danger que représente ce virus pour l'homme. En raison de la vitesse à laquelle H5N1 a évolué au cours des quatre dernières années, il est à craindre que ce virus acquière rapidement les caractéristiques génétiques permettant sa transmission à l'homme soit par l'intermédiaire de mutation génétique, soit par des événements de recombinaison avec des virus tels que celui de la grippe. Le virus humain H3N2 étant maintenant endémique chez les cochons du sud de la Chine, H5N1 pourrait facilement « s'humaniser » chez cet hôte intermédiaire.
Il est donc impératif de contrôler les épidémies de grippe démarrant chaque année chez les volailles asiatiques. Les mesures de contrôle mises en place à Hong Kong depuis plusieurs années ont démontré l'efficacité d'une telle stratégie : cette année, alors que des régions avoisinantes ont largement été touchées par l'épidémie, Hong Kong en a été remarquablement préservée.
K. S. Li et coll., « Nature » du 8 juillet 2004, pp. 209-213.
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