UNE ÉTUDE conduite par des chercheurs de l'unité de génétique moléculaire bactérienne de l'Institut Pasteur (Paris), en collaboration avec des équipes britanniques et canadiennes, montre que les souches de BCG les plus récentes ont accumulé diverses modifications génétiques. Elles affectent le niveau d'expression de nombreux gènes, dont certains sont impliqués dans l'immunogénicité bactérienne. Ce phénomène évolutif pourrait expliquer l'atténuation de l'efficacité de la vaccination par le BCG.
Toutes les souches de BCG dérivent de celle obtenue par Calmette et Guérin, après treize ans de réplications en série de la souche virulente de M.bovis. De 1909 et 1921, les deux chercheurs ont cultivé la bactérie sur des tranches de pomme de terre imbibées de glycérol, jusqu'à l'obtention d'une souche dont la virulence était suffisamment atténuée pour pouvoir être inoculée à l'homme sans risque. La souche a ensuite été cultivée, toujours par réplication en série, dans de nombreux laboratoires du monde entier. Ces cultures indépendantes ont abouti à l'émergence de diverses souches de BCG, présentant des différences génétiques et phénotypiques. En 1960, la création de bibliothèques de bactéries a permis d'établir de nouvelles méthodes de culture. Depuis lors, les bactéries utilisées pour la vaccination contre la tuberculose ne sont plus cultivées pendant plus de douze passages. Toutefois, les souches de BCG actuelles ont toutes fait l'objet de plus de mille passages.
Brosch et coll. ont comparé le génome des souches de BCG les plus récentes à celui des souches les plus anciennes, telles que la souche japonaise de 1925.
La présence d'une duplication en tandem (DU2) dont les caractéristiques varient selon les souches étudiées a permis de classer les BCG en quatre groupes, les souches du groupe DU2-I étant les plus anciennes et celles des groupe DU2-III et DU2-IV les plus récentes. L'étude de souches du groupe DU2-III a révélé l'existence de bactéries montrant une triplication de la région DU2. Ce phénomène atteste le fait que les souches de BCG continuent d'évoluer.
Des mutations qui altèrent la fonction de facteurs.
L'analyse d'autres marqueurs polymorphes a permis de reconstituer la phylogénie précise des différentes souches de BCG et de mettre en évidence l'apparition, au cours de l'évolution, de mutations altérant la fonction de facteurs de transcription pléiotropique. Une analyse transcriptionnelle a complété ces résultats. Elle a montré que l'altération des facteurs de transcription et l'amplification des gènes présents dans les régions DU2 sont associées à des modifications significatives du niveau d'expression de protéines bactériennes qui participent à l'effet protecteur du vaccin BCG.
Ces modifications pourraient jouer un rôle important dans la perte d'efficacité de la vaccination par les souches les plus récentes du BCG.
Brosch R et coll., « Proc Natl Acad Sci USA », édition en ligne avancée.
Des tests témoignent des contacts avec le BK
Une expérience originale a été menée auprès des clients d'un supermarché néerlandais. Elle était destinée à vérifier l'efficacité de nouveaux tests sanguins d'exposition au BK, fondés sur l'interféron gamma, auprès des clients qui avaient été au contact d'une vendeuse atteinte de tuberculose.
Parmi 20 000 clients enregistrés en 10 mois, ont été enrôlés, au hasard, 459 sujets qui ont subi un test cutané ainsi que 316 autres dont le test n'était pas négatif. Tous ont également été testés par voie sanguine. Les tests de libération de deux interférons gamma mesurent la réponse à un antigène très spécifique de M.tuberculosis. Parmi les 785 participants, les résultats des tests cutanés étaient associés à l'âge et en aucune façon au temps d'exposition dans la boutique. Ceux des tests sanguins étaient en relation avec le temps cumulé passé dans le supermarché. Sur 759 clients, il existait une concordance entre les tests sanguins et cutanés dans 608 cas négatifs et 72 cas positifs, chez 79 clients existait une discordance. Le taux de concordance global a été de 89,6 %. Bien que les tests sanguins soient considérés comme plus spécifiques et qu'ils montrent une meilleure corrélation à une exposition au bacille tuberculeux, rien n'indique encore qu'ils fournissent une base de décision thérapeutique.
Dans un éditorial, deux médecins canadiens ajoutent que la concordance des tests suggère une forte probabilité de tuberculose latente, mais qu'il n'est pas possible de déterminer lequel prédit au mieux une tuberculose active.
Ailko Bossink et al. « American Journal of Respiratory and Critical Medicine », mars 2007.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature