BIEN QUE LA SITUATION d'un candidat à la députation dépende beaucoup du contexte local, la bataille politique a pris, ces derniers jours, une tournure qui peut favoriser la gauche. L'UMP l'a si bien compris qu'elle aussi, depuis le début de la semaine, réclame la mobilisation de ses électeurs, alors qu'elle est assurée d'obtenir une majorité large.
Les socialistes, durement défaits au premier tour, se sont retranchés sur leur dernière position : puisque la gauche sera minoritaire, faisons en sorte que la minorité soit la plus large possible. Ils ont abondamment claironné cette idée, ce qui constitue, certes, un aveu de faiblesse, mais peut produire un résultat pour eux positif.
Les deux Arnaud.
Même si d'aucuns ont été agacés par les appels de la gauche à l'électorat des banlieues, il n'est pas impossible que les abstentionnistes des cités aient conçue un peu de remords et s'apprêtent à retourner aux urnes pour faire élire des candidats de gauche. Dans d'autres circonscriptions, le jeu est beaucoup moins clair. On a vu Arnaud Montebourg, une figure nationale, se démener comme un beau diable pour se faire réélire à Louhans, dans la sixième circonscription de Saône-et-Loire, contre l'autre Arnaud, un certain Danjean, peu connu, mais qui se bat bien, est jeune et ne manque ni de charisme ni de sérénité. Il n'est pas exclu que M. Montebourg paie pour ses diverses interventions publiques, naguère à la gauche de la gauche, aujourd'hui toutes ségolénistes, mais infailliblement provocatrices.
Qu'à cela ne tienne : on ne le jurerait pas, mais il se pourrait que le sursaut socialiste que nous préconisions avant-hier (pour leur bien) soit en train de se réaliser et surtout qu'il se traduise par un gain de quelques sièges à l'Assemblée.
La gauche en a bien besoin si elle veut conserver un peu de crédibilité.
En tout cas, si le suspense, en ce qui concerne la victoire définitive de la droite, n'existe pas, il reste entier pour le nombre de sièges que la gauche aura conquis. Car les projections faites au lendemain du premier tour offraient une fourchette trop large : entre 100 et 160 sièges pour le PS. Inutile de dire que le bas de la fourchette serait une catastrophe au retentissement historique, mais que le haut serait honorable, et d'ailleurs identique au nombre de sièges socialistes dans la précédente législature.
Un défaut de communication.
A quoi il faut ajouter que le gouvernement de François Fillon s'y est fort bien entendu cette semaine pour renforcer l'opposition. En annonçant ses intentions au sujet de la TVA dite sociale, il a tout simplement donné un os à ronger à la gauche dès mercredi. Les socialistes se sont précipités sur l'aubaine en démontrant que la TVA sociale était un moyen pour diminuer les charges payées par le patronat, que nos malheureux concitoyens allaient financer de leurs propres deniers ce cadeau aux entreprises, que l'inflation atteindrait un sommet et la dette un abîme, bref, que ce Fillon impie s'apprêtait à nous ruiner, pis, à nous plonger dans une extrême misère.
M. Fillon préfère appeler la nouvelle taxe « TVA antidélocalisations ». D'abord il aurait dû le dire plus tôt ; on perçoit là un défaut de communication aggravé par la confusion dans laquelle l'information a été diffusée et continue de l'être puisque, maintenant, on nous dit que la TVA sociale ne sera pas appliquée avant 2009.
LA TVA SOCIALE PEUT ETRE LA PIRE ET LA MEILLEURE DES CHOSES; TOUT DEPEND DES MODALITES D'APPLICATION
Le problème n'est pas là. La TVA est une taxe qu'il faut manipuler précautionneusement. Ses aspects négatifs résident dans un risque d'inflation et dans l'injustice d'un impôt qui frappe tout le monde, riches et pauvres, de la même façon. Ses aspects positifs sont qu'il est indolore, qu'il recueille des sommes considérables, propres à remplir les coffres de l'Etat, et surtout que la TVA est déduite à l'exportation et frappe les importations, de sorte qu'elle favorise notre production nationale.
Toute l'idée est d'empêcher l'effet inflationniste en exigeant des entreprises qu'elles réduisent leurs prix de vente dès lors que leurs charges sont diminuées. Compter sur la bonne volonté ou le sens social du patronat français alors que les individus, eux, sont obligés de payer la TVA et tout de suite, c'est faire de l'angélisme. Le gouvernement devra apporter des contraintes à son dispositif s'il veut réussir.
L'effroi des chaumières.
Le reste n'est que mauvaise foi politique ; les Allemands ont mis en place une TVA augmentée de trois points et s'en portent fort bien ; les socialistes ont été les premiers à penser à cette recette, mais font semblant de l'avoir oublié. L'argument que, pour notre part, nous souhaiterions invoquer, c'est que, quand la TVA sociale a été mentionnée par la droite, elle devait servir à financer les déficits et la dette, deux abcès dont elle ne parle plus mais qui, s'ils ne sont pas soignés, finiront par nous gangrener un membre.
Bref, la TVA sociale a du bon et du mauvais et ne mérite ni condamnation intempestive ni soutien ardent, car tout dépend de la manière dont elle est mise en oeuvre. En attendant, il y aura un certain effroi dans les chaumières et la gauche peut espérer plus de votes en sa faveur. Elle ne risque pas pour autant de gêner beaucoup le prochain gouvernement Fillon.
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