DE NOTRE CORRESPONDANTE
«NOTRE ETUDE sera, pendant de nombreuses années, la source d’information de référence sur la fréquence de la gammapathie monoclonale de signification indéterminée», souligne l’un des plus grands experts du myélome, le Dr Robert Kyle (Mayo Clinic de Rochester, Minnesota), qui a dirigé l’étude.
Il y a plus de vingt-cinq ans, le Dr Kyle décrivait pour la première fois une «gammapathie monoclonale de signification indéterminée» (Monoclonal Gammopathy of Undetermined Significance ou Mgus, pour les Anglo-Saxons).
Elle est définie par la présence d’un clone de plasmocytes produisant une immunoglobuline monoclonale, dont le taux reste bas et stable. La gammapathie monoclonale bénigne ou de signification indéterminée peut rester isolée ou précéder l’apparition d’une prolifération maligne. Son diagnostic repose sur la découverte, le plus souvent fortuite, d’une immunoglobuline (Ig) monoclonale à faible concentration sanguine (< 3 g/dl) associée à l’absence de symptômes de myélome ou de lymphoprolifération maligne et à une faible plasmocytose médullaire (< 10 %).
Progression vers la malignité de 1 % par an.
L’affection est associée à un taux de progression vers une prolifération maligne de 1 % par an. Comme ce risque ne décroît pas avec le temps, un patient doit être suivi à vie. «Il y a plusieurs années, nous avons appris que la Mgus évolue au fil du temps vers un myélome multiple ou une affection apparentée, et nous avons identifié ce risque», rappelle le Dr Kyle.
Le risque dépend de la présence de trois facteurs de progression (taux d’Ig monoclonale > 1,5 g/dl, Ig monoclonale autre qu’IgG et rapport anormal de chaînes légères dans le sérum). Vingt ans après le diagnostic de Mgus, le risque de prolifération maligne est estimé à 58 % chez les patients présentant les 3 facteurs de risque ; à 37 % chez ceux qui n’en présentent que deux ; à 21 % chez ceux qui n’en ont qu’un ; à 5 % chez les patients indemnes.
Alors que ce risque a été étudié, la prévalence de la gammapathie monoclonale bénigne dans la population restait imprécise. On estimait, d’après des études non fondées sur la population, qu’elle était présente chez 1,7 % des plus de 50 ans et chez 3 % des plus de 70 ans.
Pour établir sa prévalence, le Dr Kyle et son équipe ont conduit une étude de population. Ils ont pu obtenir les échantillons sériques de 77 % des personnes de plus de 50 ans habitant dans le comté d’Olmsted dans le Minnesota (21 463 habitants sur 28 038).
Les résultats, dans cette population représentative des Caucasiens des Etats-Unis, indiquent une prévalence de près de deux fois plus élevée qu’on ne le pensait. La gammapathie monoclonale bénigne existe chez 3,2 % des plus de 50 ans ; chez 5,3 % des plus de 70 ans ; et chez 7,5 % des plus de 85 ans.
Plus élevée avec l’âge et chez les hommes.
La prévalence est plus élevée avec l’âge, ainsi que chez les hommes, ce qui donne 9 % chez les hommes âgés de plus de 85 ans.
«Une meilleure compréhension du risque de progression et de la vraie prévalence permettra aux médecins de mieux individualiser la prise en charge d’un patient», remarque le Dr Kyle. Par exemple, le fait de savoir que l’affection est fréquente chez les sujets âgés, permettrait de limiter chez eux les tests, car dans la plupart des cas cette Ig monoclonale ne sera pas liée aux problèmes médicaux du patient âgé.
Ces chiffres seront aussi importants, d’après les chercheurs, pour les futurs programmes de dépistage et les stratégies préventives visant à réduire la mortalité par le myélome.
« New England Journal of Medicine », 30 mars 2006, p. 1362, Kyle et coll.
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