DANS LES ANNEES1990, les spécialistes du VIH s'étaient intéressés aux peptides inhibiteurs de la fusion dérivés de régions spécifiques de l'enveloppe glycoprotéique, gp41, et composées de répétitions de 7 acides aminés [Heptad Repeat 1 et 2 (HR1 et HR2)]. L'analyse de ces peptides a permis de mieux comprendre le mécanisme d'action fusogénique du virus. Ce sont ces découvertes qui ont permis la synthèse d'une nouvelle famille de molécules indiquées dans la lutte contre les infections par le VIH : les inhibiteurs de fusion.
Des chercheurs américains et chinois (Shuwen Liu et coll.) ont eu l'idée d'appliquer ces méthodes de recherche au coronarivus à l'origine du sras (sras CoV) afin de pouvoir disposer d'éléments physiopathologiques sur l'étape cruciale de fusion entre le sras CoV et la cellule de l'hôte. En effet, ce virus exprime abondamment, comme le VIH, des glycoprotéines de surface sous la forme de spicules dont la structure en trois dimensions a pu être établie (longueur 20 nm et diamètre 10 nm). Ces protéines semblent jouer un rôle sur l'adhésion cellulaire, la fusion et l'entrée du virus dans la cellule.
Dans un premier temps, les chercheurs ont découvert que, de façon similaire au VIH, le sras CoV contient deux séquences de répétition de 7 acides aminés (HR1 et HR2) au sein du domaine S2. L'activité inhibitrice de l'effet cytopathique sur les tissus en culture des peptides synthétisés par ces deux régions a été testée dans un premier temps. Les chercheurs ont ensuite analysé les interactions entre les peptides HR1 et HR2. Seul le peptide CP-1 (dérivé de la région HR2) est doté d'une activité inhibitrice significative sur les tissus en culture. Ce peptide CP-1 et le peptide NP-1 (dérivé de la région HR1) interagissent en formant une structure à six hélices similaire à la structure fusogénique du VIH1 gp41.
Pour les auteurs, « ces données confirment que la portion carboxy-terminale des glycoprotéines spiculaires du SRAS CoV fait partie de la famille des glycoprotéines de fusion de type 1. L'un des mécanismes fusogéniques à l'origine d'infection virale pourrait passer par la liaison du peptide CP-1 à la région HR1. Cette étape pourrait à son tour induire des modifications conformationelles qui favoriseraient la fusion entre l'agent viral et les récepteurs cibles membranaires ».
« Lancet », vol. 363, pp. 938-942, 20 mars 2004.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature