Le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner, s'est rendu à Londres pour rencontrer son homologue britannique, Alan Milburn, et lui proposer l'accueil de patients d'outre-Manche.
La délégation française, dont faisait partie Edouard Couty, directeur des hôpitaux, et Gérard Larcher, président de la Fédération hospitalière de France (FHF), a proposé à ses interlocuteurs anglais un accord-cadre national qui sera relayé par des conventions avec les établissements.
« Notre relation ne fait que commencer pour améliorer la prise en charge des patients et traiter des problèmes de santé publique en Europe », a indiqué Bernard Kouchner, qui a précisé qu'un groupe de travail s'apprête à se réunir à Paris pour concrétiser le projet franco-britannique.
La Grande-Bretagne, dont les défaillances du système de soins sont flagrantes (il faut attendre parfois jusqu'à dix-huit mois pour une opération chirurgicale), a commencé depuis le début de l'année à envoyer des patients se faire soigner en France. Elle prévoit de renouveler l'expérience si les résultats sont satisfaisants. Le ministère britannique de la Santé juge toutefois « nécessaire de tirer les leçons du projet pilote avant de l'appliquer à grande échelle », ce qui devrait prendre, selon lui, plusieurs mois.
Constatant « la seule présence de représentants de l'hôpital public » au sein de la délégation française, la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) « s'irrite » dans un communiqué d'avoir été « oubliée ». Elle souligne la place importante que les cliniques occupent dans la prise en charge chirurgicale, et estime que ce secteur offre « une solution financièrement plus avantageuse pour la Grande-Bretagne ». Et elle ne se prive pas de faire remarquer que c'est par un établissement privé - la clinique la Louvière, dans le Nord - que les autorités britanniques ont choisi d'inaugurer l'envoi de patients (« le Quotidien » du 27 février).
Le départ de l'Europe de la santé
Lors de sa rencontre avec les cadres de l'industrie pharmaceutique (nous y reviendrons demain), Bernard Kouchner a tenu à préciser que cet accord entre la France et la Grande-Bretagne était un moment important, « qu'il faudrait retenir ».
Il marque, a-t-il dit, « le réel départ de l'Europe de la santé et signifie que demain des patients européens pourront se faire soigner dans l'hôpital de l'Union européenne de leur choix, quel que soit leur pays d'origine ».
La prochaine réunion des ministres de la santé sera d'ailleurs consacrée à la libre circulation des patients. « Ce qui montre bien, a dit Bernard Kouchner, que les mentalités ont changé et que la santé n'est plus et ne doit plus être aujourd'hui un domaine uniquement réservé aux Etats et aux gouvernements nationaux. »
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