C'est désormais acquis : les agriculteurs ont deux ans pour utiliser leurs stocks d'atrazine ainsi que les autres produits de la famille des triazines. Ces pesticides seront interdits d'usage à compter du 30 juin 2003.
Depuis des années, des communes de Bretagne, du Sud-Ouest ou d'Ile-de-France conseillent aux populations de ne pas boire l'eau du robinet du fait des doses élevées de dérivés de triazines retrouvées dans les prélèvements, jusqu'à dix fois supérieures aux seuils autorisés.
« Cette décision doit permettre de faire un pas significatif en direction d'une agriculture plus respectueuse de l'environnement et qui répond davantage aux attentes de nos concitoyens, a indiqué le ministre de l'Agriculture, Jean Glavany. Elle contribuera à une reconquête progressive de la qualité de l'eau. »
La Cour européenne de justice en mars 2001 et le tribunal de Rennes deux mois plus tard ont déjà mis en évidence la responsabilité de l'Etat dans la pollution de l'eau par les nitrates. Le projet de loi sur l'eau, qui doit être examiné en janvier par l'Assemblée nationale, va instaurer une « taxe azote » pour inciter les agriculteurs à plus de modération dans l'usage des engrais.
100 000 tonnes de pesticides par an
La France est le deuxième utilisateur mondial de pesticides après les Etats-Unis, avec une consommation moyenne de 100 000 tonnes par an.
Les triazines, faciles d'usage et peu chères, sont utilisées massivement, notamment par les producteurs de maïs : 80 % des surfaces de maïs sont traitées à l'atrazine.
Or, on retrouve cette catégorie de pesticides dans 50 % des prélèvements en eaux de surface et 52 % dans les eaux souterraines. Selon l'Institut français de l'environnement (IFEN), seulement 6 % des cours d'eau sont exempts de pesticides.
Le préfet de Seine-et-Marne a même interdit l'usage de l'atrazine dans une large partie du département, sur la base d'une note de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments qui alertait le gouvernement sur les risques pour les enfants et les nourrissons.
Le ministère de l'Agriculture doit prochainement interdire un produit cancérigène pour les viticulteurs largement utilisé dans la vigne, l'arsenite de soude. Les effets des pesticides pour la santé (cancers, fertilité masculine, troubles du système endocrinien) sont suffisamment sérieux pour que la Commission européenne ait engagé la révision de toutes les substances anciennes. La moitié des quelque 800 produits agréés par la directive de 1991 devraient passer à la trappe d'ici à l'an 2008, selon l'UIPP.
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