REFERENCE
Vaccination
Due à la bactérie Bordetella pertussis, la coqueluche est caractérisée par une toux prolongée, parfois sous forme de quintes. Appliquée en 1959, généralisée en 1966, la vaccination a permis en 1986 de constater que l'incidence de la coqueluche (qui était d'environ 5 000 à 8 000 cas par an avant la vaccination) était devenue si négligeable que cette maladie n'était plus considérée comme un problème de santé publique.
Pourtant, malgré la persistance d'un haut niveau de couverture vaccinale, une augmentation du nombre de cas de nourrissons hospitalisés pour coqueluche a été observée à l'hôpital Trousseau.
De parent à nouveau-né
Par ailleurs, une étude nationale, lancée par l'Institut de veille sanitaire dans plusieurs hôpitaux pédiatriques a non seulement confirmé la résurgence, mais également montré un changement dans le mode de transmission de la maladie, qui ne s'effectue plus d'enfant à enfant mais de parent à nouveau-né.
Plusieurs études ont alors suggéré une baisse de la protection vaccinale au cours du temps et à un manque de rappels naturels (la bactérie ne circulant plus ou presque plus dans la population) ou vaccinaux. Ce qui a conduit le Comité technique des vaccinations à introduire en 1998 un rappel vaccinal vers 11-13 ans, pour protéger les adolescents.
Afin de confirmer la présence d'adultes infectés dans la population française, une enquête* a été réalisée en 1999 dans la région parisienne. Cette enquête, effectuée en collaboration avec 80 médecins généralistes, répartis sur tous les départements d'Ile-de-France, visait à déterminer la proportion des infections à Bordetella pertussis chez les patients adultes consultant pour une toux persistante (plus de sept jours, sans cause évidente). Sur 217 patients, 32 % des cas ont été confirmés. Chez ces sujets atteints de coqueluche, 60 % avaient été vaccinés et 33 % avaient eu la coqueluche dans l'enfance. La durée moyenne de la toux chez ces sujets était de 49 jours.
Toux persistante :
penser à la coqueluche
Cette étude montre que les médecins doivent penser à la coqueluche face à une toux persistante aiguë ou chronique. Elle souligne la nécessité de disposer d'un test biologique facile à réaliser en pratique de ville : il n'a en effet pas été mis en évidence de différence clinique significative entre les sujets atteints de coqueluche et les autres.
Cette enquête a également permis d'estimer l'incidence actuelle de la coqueluche en France à environ 500 adultes pour 100 000 habitants, soit environ 300 000 personnes. Ces chiffres sont très proches de ceux observés aux Etats-Unis, qui sont également confrontés à une situation analogue quant à la résurgence de la maladie.
Elle soulève aussi la question d'un éventuel rappel vaccinal chez l'adulte. L'intérêt d'une telle mesure en matière de santé publique va devoir faire l'objet d'études complémentaires. Il est en effet intéressant de rappeler qu'à l'heure actuelle, la primo-vaccination a lieu entre 2 et 4 mois. De ce fait, les nourrissons de moins de 2 mois sont à haut risque de contracter l'infection auprès d'un sujet malade. Au vu de l'importante incidence de la coqueluche chez l'adulte mise en évidence par la présente étude, et en l'absence de protection actuellement applicable chez l'adulte, il est important de protéger les nouveau-nés de tout contact avec des personnes souffrant d'une toux persistante.
* Etude à paraître dans «Journal of Infectious Disease », menée par Serge Gilberg et coll. (département de médecine générale de la faculté de médecine Necker-Enfants-Malades). Principal investigateur, pour la conception et l'expertise clinique, Isabelle Parent-du-Chatelet (association d'Aide à la médecine préventive, AMP). Pour l'analyse épidémiologique, la SFTG (Société de formation thérapeutique du généraliste). Pour le recrutement d'un réseau de médecins, Nicole Guiso et coll. (Centre national de référence de la coqueluche et autres bordetelloses, Institut Pasteur). Cette étude a été présentée lors d'une réunion organisée par l'OCP et l'Institut Pasteur.
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