De notre correspondante
C'est une « communauté de santé transfrontalière » que les responsables hospitaliers et politiques de la ville de Menton et ceux de l'Agence sanitaire locale de la région italienne d'Imperia souhaitent établir entre leurs structures et leurs médecins et leurs personnels médicaux.
Dans un premier temps, les équipes médicales commencent à échanger leurs expériences et leurs protocoles de soins ; elles mettent sur pied des formations communes ; elles vont également échanger leurs matériels, leurs médecins et leur personnel soignant. Une nouvelle école d'infirmières qui va ouvrir ses portes dès la rentrée à l'hôpital de Menton accueillera des élèves italiennes et sans doute fixer dans la région une partie des infirmières qui en sortiront.
Le second objectif de la convention est d'améliorer l'accès aux soins des résidents français et italiens de cette zone géographique, en leur permettant d'utiliser les structures sanitaires situées de l'autre côté de la frontière, dans les mêmes conditions de prise en charge.
Jusqu'à présent, en effet, bien qu'ils soient tout proches de l'hôpital de Menton, les Italiens ne pouvaient y être pris en charge qu'exceptionnellement, au titre de « touristes » munis du formulaire adéquat. Pour certains services n'existant pas ou saturés à l'hôpital italien le plus proche, celui de Bordighera, ils devaient aller jusqu'à l'établissement de Gêne situé à 250 km. Vice versa, les habitants de Menton ne pouvaient bénéficier du centre de dialyse de Vintimille et s'ils ne pouvaient être accueillis par celui de Monaco, ils devaient aller jusqu'à Nice, à 45 km via le col de La Turbie. « Menton et les villages environnants, coincés entre la mer au sud et la montagne au nord et à l'ouest, se tournent naturellement vers l'Italie, et idem de l'autre côté », explique Catherine Romanens, directrice de l'hôpital de Menton.
Comme le maire de Menton, qui a déjà passé des accords dans d'autres domaines avec la région italienne voisine, Catherine Romanens voit dans la coopération sanitaire avec l'Italie un moyen de développer son hôpital. En effet, l'hôpital de Menton, victime d'un vieillissement de la population, a failli être transformé en établissement de long séjour et la maternité privée a déjà fermé ses portes en 1992, faute d'un nombre suffisant d'accouchements.
Le soutien de l'ARH
Depuis, le maire caresse le rêve de disposer dans sa commune d'une maternité transfrontalière, mais l'Agence régionale d'hospitalisation ne semble pas encore convaincue. Le directeur de l'ARH, en revanche, est venu saluer la signature de la convention de coopération sanitaire et annoncer que le prochain SROS (schéma régional d'organisation sanitaire) consacrerait un chapitre particulier à l'organisation de ce type d'actions dans les zones frontalières. Pour sa part, la caisse primaire d'assurance-maladie des Alpes-Maritimes étudie la possibilité d'accords préalables de prise en charge pour des cas particuliers d'assurés français soignés à Vintimille.
Côté italien, ce type d'accord est facilité du fait que l'Agence sanitaire signataire de la convention de coopération est à la fois gestionnaire de l'offre de soins dans cette zone et du paiement des prestations.
Compte tenu des équipements existants, les Français devraient être surtout attirés par le service de dialyse italien, et les Italiens par les services d'urgences, de périnatalité de proximité et le scanner que vient d'acquérir l'hôpital de Menton (un examen à Bordighera nécessite 25 jours d'attente).
Mais plus que la complémentarité, la directrice de l'hôpital de Menton insiste surtout sur la notion de proximité, essentielle pour les Français comme pour les Italiens. Pour elle, « une fois résolue la prise en charge, tout ira bien ». Arguant du doublement (et du rajeunissement) du bassin de vie ainsi réalisé, elle évoque même des possibilités d'extension de bâtiments avec accords privé-public, tout en gardant une vocation d'établissement sanitaire de proximité : pas question de faire ici un mini-CHU franco-italien.
D'ailleurs, ces échanges transfrontaliers sont strictement limités au bassin de vie de Menton et d'Imperia et chaque domaine de coopération devra faire l'objet d'un avenant particulier à négocier avec les intéressés. Un comité de pilotage assure la mise en uvre de cette communauté de santé dont les résultats sont très attendus par d'autres régions frontalières.
Un pôle hospitalier mentonnais
Le centre hospitalier de Menton dispose de 53 lits de médecine et de 27 lits de chirurgie, avec chirurgie viscérale, gynécologique, traumatologie orthopédique, d'un service d'exploration fonctionnelle cardiologique, de 27 lits de soins de suite, de 60 d'hospitalisation de long séjour et de 60 de maison de retraite pour personnes dépendantes. Son service d'urgence classé UPATOU (unité de proximité pour l'accueil, le traitement et l'orientation des urgences) totalise 3 000 entrées annuelles. 290 personnes dont 75 infirmières temps plein y travaillent ainsi qu'une cinquantaine de médecins de différents statuts.
La clinique de Menton, mitoyenne de l'hôpital, compte de son côté 55 lits de chirurgie. Les deux établissements ont créé ensemble un « pôle public-privé » pour les urgences chirurgicales, au terme duquel l'accueil se fait à l'hôpital, mais les interventions sont réalisées alternativement (une semaine sur deux) dans chacun des établissements.
Alsace-Moselle : 250 patients soignés en Allemagne
De plus en plus d'Alsaciens-Mosellans franchissent la frontière pour recevoir des soins ou subir des examens en Allemagne, selon les services d'assurance-maladie de la région Alsace-Moselle.
En 2001, environ 250 patients alsaciens-mosellans ont obtenu l'accord de la caisse française pour aller se faire soigner en Allemagne (223 en 2000). Les chiffres sont en progression constante d'année en année, a précisé à l'AFP le Dr Gilbert Weill, médecin-conseil du service médical de l'assurance-maladie des trois départements de l'est de la France qui bénéficient d'un régime spécial. Environ 90 de ces patients vont se faire dialyser en Allemagne, faute d'équipements suffisants en Alsace, une centaine vont y subir des examens au PET-scan. Quelques-uns sont des patients germanophones qui vont suivre en Allemagne des psychothérapies.
En revanche, « l'offre de soins particulièrement dense le long de la rive allemande du Rhin » décourage les Allemands de venir se faire soigner en France, sauf ceux qui ont besoin de la haute spécialisation du centre de traumatologie d'Illkirch-Graffenstaden, selon le docteur Karl-Heinz Plaumann, directeur du service médical de l'assurance-maladie du Bade-Wurtemberg.
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