La France en retard

En France, la HAS a recommandé, en 2010, le dépistage organisé du cancer du col, qui a fait la preuve de sa supériorité par rapport au dépistage individuel en termes d'efficacité ainsi que d'égalité d'accès à la prévention. Les résultats de la campagne de dépistage organisé en Alsace, région pilote, pionnière, ont largement contribué à cette recommandation. « La campagne de dépistage organisé du cancer du col de l'utérus est opérationnelle depuis 1994 dans le Bas Rhin et a été étendue au Haut Rhin en 2001, déclare le Pr Jean-Jacques Baldauf (CHRU de Strasbourg). Cette organisation a permis de gagner 10 points de couverture à 3 ans et 20 points à 5 ans ».

En pratique en Alsace, les résultats de tous les frottis réalisés dans la population cible (500 000 femmes âgées de 25-65 ans) ainsi que les examens histologiques réalisés par la suite sont colligés. En cas d’anomalies au frottis, une relance est effectuée, en l’absence d'un nouvel examen au bout de 12 à 18 mois. « Les femmes qui n'ont pas bénéficié d'un frottis dans les 3 ans sont invitées à se faire dépister. Une relance est effectuée après un an si l'invitation n'a pas conduit au dépistage, ajoute le Pr Jean Jacques Baldauf. Cette procédure a permis d'augmenter très nettement la participation des femmes. Ainsi, 81,6 % des femmes de la population cible ont bénéficié au moins d'un frottis dans les 5 ans. Alors que la couverture avec le dépistage individuel est au mieux égale à 60 % ».

Suivi qualité

Le deuxième versant de l'expérimentation est le suivi dans le cadre d'un système d'assurance qualité de la totalité des démarches des professionnels : qualité du prélèvement, interprétation des frottis, et prise en charge des résultats positifs. Le coût de fonctionnement de la campagne de dépistage organisé est de l'ordre de 1,06 € par année et par femme à dépister et son efficacité se traduit par une diminution de la mortalitépar cancer du col de l'ordre de 20 %. « Le coût en année de vie sauvée est estimé à 22 000 euros, ce qui est très faible. Le dépistage organisé est excessivement coût/efficace. Chaque année, 10 à 15 décès par cancer du col sont ainsi évités en Alsace. Les expérimentations de dépistage organisé sont en cours dans 13 départements et ont permis de constater la faisabilité et d'envisager de l'étendre progressivement à tout le territoire », explique le Pr Jean-Jacques Baldauf. Pour réussir, il faut une adhésion forte des professionnels de santé impliqués sur le terrain (gynécologues obstétriciens, gynécologues médicaux, sage-femmes, médecins traitants) ainsi que des structures de gestion capables de suivre ce qui se passe sur le terrain ».

D'après un entretien avec le Pr Jean- Jacques Baldauf (CHRU de Strasbourg) Liens d'intérêt : investigateur principal d’une étude d’impact et consultant pour MSD Sanofi-Pasteur