LA DIRECTION GÉNÉRALE de la Santé (DGS), la direction de l'Hospitalisation et de l'Organisation des soins (Dhos) et l'Institut de veille sanitaire (Invs) ont conjugué leurs efforts pour concocter « la stratégie française de réponse » à toute éventuelle résurgence du coronavirus. Une stratégie qui vient d'être approuvée par le Conseil supérieur d'hygiène publique en France (Cshpf) et que le ministre de la Santé a présentée hier lors d'une conférence de presse, en compagnie du Pr William Dab, directeur général de la Santé.
Pour limiter l'exposition au virus et interrompre la chaîne de transmission active, trois priorités principales ont été retenues. La détection précoce des cas est évidemment primordiale. Elle nécessite la formation et l'information des professionnels de santé qui seront éventuellement amenés à intervenir. Pour cela, le diagnostic doit être systématiquement évoqué par les cliniciens, dès lors qu'il est plausible.
La prise en charge des cas suspects doit être effectuée tout aussi précocement, en limitant au maximum le risque de contamination chez le personnel soignant. Dans ce but, un hôpital référent est dédié à la prise en charge des premiers cas de Sras à l'intérieur de chacune de sept zones dites de défense que compte la métropole, un établissement étant également identifié pour chaque département d'outre-mer. Si ces hôpitaux sont submergés par le nombre des patients, l'ensemble des Chru seraient alors mobilisés.
Le signalement aux autorités sanitaires doit intervenir pour chaque cas, suspect, possible ou probable, sans délai.
C'est à la cellule de gestion interministérielle, qu'animera la DGS, qu'il appartiendra de proposer au cas par cas les mesures à mettre en œuvre.
Cinq niveaux d'alerte.
Toutes ces mesures sont répertoriées dans une stratégie dite de vigilance qui comprend cinq niveaux d'alerte :
- Le niveau 0, en l'absence de cas, ne signifie pas l'absence de vigilance. Jean-François Mattei rappelle que « la possibilité d'une résurgence de l'épidémie est réelle et que la menace ne doit pas être sous-estimée ». La veille scientifique est confiée l'Invs et aux deux centres nationaux de référence de la grippe, si besoin en lien avec la Cibu (cellule d'intervention biologique d'urgence) de l'Institut Pasteur.
Le public est sensibilisé par une campagne d'affichage mise en place dans les aéroports internationaux, ainsi que par des documents d'information voyageur. Toujours dans les aéroports, des procédures de traçabilité des voyageurs sont préparées, qui associent le service médical, les compagnies aériennes, la Police aux frontières et les douanes ; les zones d'attente de personnes en instance (Zapi), lieux jugés à risques, font l'objet d'une surveillance « particulièrement attentive ».
Sur le plan hospitalier, des chambres d'isolement sont prévues, avec des stocks d'équipements de précaution appropriés (masques, gants, lunettes, surblouses, surchaussures). Le personnel, dans le double but de minimiser l'absentéisme et de faciliter le diagnostic différentiel, est encouragé à se faire vacciner contre la grippe.
- Le niveau 1 est déclenché dès que un ou plusieurs cas isolés sont signalés à l'étranger sans transmission secondaire. Aucune mesure supplémentaire n'est alors activée, mais toutes les administrations impliquées dans le plan de lutte doivent être informées pour être en mesure de répondre de façon homogène à toues les interrogations du public.
Lorsque l'origine de la contamination n'est ni connue ni maîtrisée, les centres 15, les Samu et les hôpitaux de référence sont mis en alerte, tout comme les praticiens libéraux, informés par l'intermédiaire de la DGS et de la Dhos.
- Le niveau 2 correspond à un ou plusieurs cas isolés en France. Sur signalement de la DGS, l'alerte est donnée par l'Invs, la cellule de gestion interministérielle étant aussitôt activée, les hôpitaux, les Samu et les libéraux étant prévenus de cette recrudescence de l'épidémie.
Autour de chaque cas survenant en France, c'est la Ddass et la Cire (Cellule interrégionale d'épidémiologie) qui mènent les investigations, les mesures de quarantaine étant assurées par la Ddass en liaison avec le médecin généraliste des cas contacts.
L'OMS sera à son tour alertée, chaque fois qu'un cas sera confirmé en laboratoire.
Chaque hôpital référent sera bien sûr informé du risque d'apparition de nouveaux cas et l'ensemble des établissements hospitaliers pourra faire l'objet d'une sensibilisation.
- Le niveau 3, si la transmission devient active à l'étranger, prévoit une « mise en alerte générale du système de soins », avec la mise en œuvre d'une coopération internationale et européenne.
- Le niveau 4 est atteint dès qu'il y a transmission active, en France, de l'épidémie. Une telle situation serait exceptionnelle, avec la « mobilisation générale » des moyens.
Mesures individuelles et collectives.
Pratiquement, des mesures individuelles de prévention et de lutte contre la propagation du Sras seront rappelées à la population : lavage des mains à la suite de contacts « rapprochés » avec d'autres personnes, au retour à domicile, avant la manipulation de tout aliment ; port du masque, même si aucune mesure ne permet de connaître à ce jour l'efficacité d'une telle mesure dans la population générale ; contrôle de la température avant l'accès à des collectivités ou des lieux publics, en particulier avant d'envoyer les enfants à l'école. La mise en quarantaine de ces sujets contacts de cas probables et des sujets convalescents pourra être aussi jugée nécessaire, de même pour toute personne qui rentrera en France après avoir eu un contact rapproché au cours de son voyage avec un cas probable.
D'autres mesures de caractère collectif seront encore adoptées dans ce cas de transmission active à l'intérieur du pays. C'est ainsi que le contrôle de la température des personnels de soins, dans les hôpitaux, pourra être décrété, les visites faisant, le cas échéant, l'objet d'une interdiction totale.
Les manifestations et rassemblements culturels ou sportifs pourront être limités, voire annulés, quitte à ce que les arrivées des participants soient dans un premier temps restreintes aux personnes qui se seront soumises à un examen médical.
Le plan Sras insiste en outre sur deux rappels qui seront largement diffusés par les ministères et les administrations auprès de tous les services (Education nationale, travail, sports...) : « En l'absence de symptôme, la transmission du Sras n'a jamais été rapportée » et « la transmission nécessite un contact rapproché avec un cas symptomatique ».
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