Une étude réalisée pour l'association Imagerie santé avenir (ISA) confirme que la France - où 7 appareils de tomographie à émissions de positons (TEP) sont installés pour des besoins estimés à 60, et où 216 IRM fonctionnent au lieu des 429 prévues - souffre par rapport à ses voisins européens d'un sous-équipement inquiétant en matière d'imagerie médicale.
Pour le seul TEP, la France, avec 0,08 PET-scan par million d'habitants, arrive bonne dernière du classement (la Belgique en possède 2,10 par million d'habitants, et l'Allemagne 1,04). Pourtant, une étude internationale indique que 62 % des oncologues utilisateurs du TEP interrogés considèrent cette technique comme essentielle à leur pratique. Sur le plan clinique, le TEP permet un diagnostic précoce, un traitement adapté et un meilleur suivi. Et le bénéfice de cette technique ne s'arrête pas là : en permettant d'écarter des candidats à la chirurgie inutiles, d'éliminer les faux positifs et de guider les gestes opératoires, le TEP évite des dépenses inutiles. En France, on estime que pour quatre cancers (ovaire, colo-rectal, nodule pulmonaire isolé et sein), le recours au PET-scan permettrait d'économiser 61 millions d'euros par an. Malgré cela, le PET-scan reste pratiquement inaccessible, déplore l'ancienne ministre de la Santé, Michèle Barzach, qui a réalisé l'étude pour l'association ISA. Les délais de consultation sont d'un mois et demi pour un PET-scan, 39 jours pour une IRM par un consultant, 15 jours pour une IRM par un hospitalier.
Résultat : une perte de chance importante pour les Français, relève le Dr Françoise May-Levin, de la Ligue nationale contre le cancer, qui prévoit une judiciarisation accrue du secteur de l'imagerie médicale dans les années à venir.
De plus, la pénurie en matériel est à l'origine de mauvaises pratiques médicales, note le Pr Guy Frija, président de la Société française de radiologie (SFR). « Certains scanners ne détectent pas les métastases cérébrales alors que l'IRM le fait très bien. Malgré cela, on continue de faire des scanners crâniens faute de place en IRM », explique-t-il.
Le risque d'inégalité dans l'accès aux soins est majeur, ajoute-t-il. Pour l'heure, sur les sept hôpitaux équipés en PET-scan, seul l'hôpital militaire du Val-de-Grâce fait payer ses patients. Les autres utilisent leur budget global pour prendre en charge chaque année les 450 000 euros de fonctionnement de l'appareil, et font appel à la bonne volonté de la Ligue contre le cancer. Mais à 1 200 euros l'examen, l'hôpital est amené à faire des choix dans son budget.
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