LA CRÉATION de 67 pôles de compétitivité (6 mondiaux, 9 « à vocation mondiale » et 52 « à vocation nationale et régionale ») a pour double objectif de renforcer la place de la France en matière d'innovation et de lutter contre les délocalisations. « Avec la création des pôles, nous franchissons une étape majeure de l'histoire industrielle de notre pays », a affirmé le Premier ministre, Dominique de Villepin, à l'issue d'un comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire (Ciadt). Les pôles visent à mettre en réseau entreprises, centres de formation et unités de recherche publiques ou privées dans un esprit de synergie, à l'image de la Silicon Valley en Californie. Les domaines de compétitivité sont très variés : santé, télécommunications, nanotechnologies, aéronautique, chimie, énergies renouvelables, biotechnologies végétales, textiles techniques et traditionnels, etc.
Le principe des pôles avait été décidé par le gouvernement Raffarin en septembre 2004 et 105 candidatures avaient été déposées. Dominique de Villepin a retenu trois fois plus de projets que prévu et a décidé de doubler l'enveloppe, qui s'élèvera à 1,5 milliard d'euros pour la période 2006-2008. Ce budget se divisera globalement en 300 millions d'euros provenant d'exonérations fiscales et sociales, 400 millions de crédits ministériels et près de 800 millions de subventions provenant d'agences gouvernementales (Agence de l'innovation industrielle et Agence nationale de la recherche) et de la Caisse des dépôts et consignations. Selon le ministre de l'Economie, Thierry Breton, il s'agira de « crédits nouveaux » et non de financements déjà budgétés. Les pôles seront aussi prioritaires pour les 3 000 postes de chercheur créés en 2006. « La France dispose d'atouts considérables », a poursuivi Dominique de Villepin, en évoquant la formation, la qualité des infrastructures, des filières structurées (agroalimentaire, aéronautique, automobile, santé). Mais elle souffre d'un « mode d'organisation publique trop vertical, trop cloisonné » et d'un « potentiel de coopération » entre professionnels sur un même territoire, « insuffisamment mobilisé », a ajouté le chef du gouvernement.
Parmi les pôles santé, on peut noter deux projets mondiaux, celui de Lyonbiopôle (Rhône-Alpes), avec grand Lyon, pour la virologie, et celui de Méditech Santé (Ile-de-France), avec l'agence régionale de développement pour l'infectiologie et le cancer. Le pôle Alsace Bio-Valley a été retenu comme projet à vocation mondiale pour l'innovation thérapeutique, et, au niveau national, le pôle Biothérapies des Pays de la Loire (agents et diagnostics thérapeutiques), le pôle Cancer-Bio-Santé de Midi-Pyrénées et Limousin (aliments, biotechnologies et biomédical) et le pôle Nutrition-Santé-Longévité du Nord - Pas-de-Calais (alimentation et maladies cardio-vasculaires).
Les médicaments de demain.
A l'occasion d'une visite en Alsace, le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a encouragé les acteurs du pôle de compétitivité Innovations thérapeutiques, dont il a souligné l'enjeu pour la santé publique, à trouver les médicaments de demain « dans les meilleurs délais ». « Tous les progrès que vous allez accomplir seront au bénéfice de la santé des Français », a indiqué le ministre.
Les Entreprises du médicament (Leem) ont estimé, pour leur part, que l'installation de pôles de compétitivité consacrés à la santé constituait un « signal positif qui donne une première traduction à cette vision commune Etat-industrie ». Selon le Leem, « il s'agit de faire en sorte que les biotechnologies, la recherche translationnelle, les études cliniques, le maillage public-privé, le partenariat avec le monde académique et hospitalier s'épanouissent dans des conditions économiques et administratives les plus souples et les plus efficaces possible ». Toutefois, « ce rassemblement des compétences au nom de l'innovation ne produira tous ces effets que si une gouvernance forte permet une coordination de tous les acteurs », ont souligné les représentants du Leem.
Un Haut Comité scientifique
Lors de son intervention du 14 juillet, le président Jacques Chirac a indiqué que la France devait « renouer avec une vieille tradition », celle de la recherche, de l'innovation, de l'industrialisation « dans des domaines hautement sophistiqués ». La création d'un Haut Comité scientifique permettra, a-t-il ajouté, de « définir les grands axes de recherche » française. Cet organisme consultatif sera, « comme dans tous les grands pays », placé auprès du président de la République.
Dans le cadre de la préparation de la future loi d'orientation et de programmation pour la recherche, le gouvernement avait déjà annoncé, en mai dernier, la création d'un « Haut Conseil de la science et de la technologie » chargé « d'éclairer le choix des grandes orientations du pays ». La nouvelle structure, souhaitée également par la communauté des chercheurs, devrait compter de 20 à 25 membres choisis en fonction de leurs compétences en matière scientifique et nommés par le gouvernement. « Nous avons en France une recherche très bonne mais qui doit être encouragée, a souligné Jacques Chirac. La recherche, ce n'est pas l'innovation industrielle. Elle obéit à une autre logique », a-t-il poursuivi en plaidant pour une « cohérence entre ces deux efforts ».
Le président a évoqué deux autres organismes : l'Agence nationale de la recherche (ANR), qui vient d'être créée, et l'Agence de l'innovation industrielle, qui doit voir le jour prochainement et sera « probablement présidée par Jean-Louis Beffa », P-DG de Saint-Gobain, qui en avait suggéré l'idée dans un rapport.
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