L' AMATEUR d'architecture religieuse sait que plusieurs édifices ont du être reconstruits, en totalité ou en partie, du fait des dégâts occasionnés par la foudre, avec parfois un heureux résultat, comme à Chartres, mais bien souvent avec un préjudice esthétique irréparable.
Le paratonnerre qui surplombe les clochers de France le rappelle à chacun. Dans nos sociétés actuelles, hautement technologisées, le risque semble faible. En réalité, il est d'autant plus présent que, justement, ces sociétés dépendent d'appareillages électriques ou informatiques et de télécommunication, extrêmement vulnérables aux variations électromagnétiques intenses et rapides provoquées par la foudre.
20 F par jour et par habitant
L'année dernière, elle est tombée plus de 1 200 000 fois sur le territoire. La plupart de ces impacts ne sont pas dangereux directement. Certains sont quand même responsables de quelques dizaines d'accidents mortels et de dégâts matériels conséquents (incendies, destruction de stocks, etc.). Ces effets directs coûtent en moyenne 20 F par jour et par habitant aux compagnies d'assurances. Si l'on en vient aux effets indirects, bien moins connus du public, le coût doit être multiplié par 20.
La décharge électromagnétique, intense et rapide, se propage partout où un chemin lui est laissé. Le paratonnerre permet certes de concentrer l'impact et de le diriger vers le sol. Mais le sol aussi est un conducteur, d'où des conséquences possibles à distance, sans compter les paratonnerres malgré eux que sont, par exemple, les antennes de télécommunication. En effet, si son chemin n'est pas bien balisé, l'impulsion électromagnétique peut se retrouver là où on ne l'attendait pas, sur un téléviseur, par exemple, qui, du coup, implose. Enfin et peut-être même surtout, la foudre provoque de nombreuses interférences avec les lignes d'alimentation électriques, les lignes télécoms et tous les appareils électriques imaginables, ce que les ingénieurs, dans un langage qui n'a rien à envier à celui de la médecine, appellent les « perturbés », la foudre étant le « perturbateur ».
Le risque est réel. Il est arrivé qu'un 18 ne réponde plus parce que l'autocommutateur des pompiers a sauté. Il peut être largement évité, à condition de ne pas suivre de recette, mais une méthodologie, qui évalue chaque site au cas par cas. L'association APAVE en est un des maîtres d'œuvre et l'améliore constamment, notamment par son partenariat avec un groupe européen d'élaboration d'un outil informatisé, inspiré de ceux qui sont utilisés en aéronautique.
Des normes de protection existent, qu'il faut respecter. La plupart des sites ont prévu des solutions. Mais, pour reprendre les propos d'un ingénieur, « ces solutions sont parfois inadaptées, rarement optimisées et jamais validées ». Chaque site doit pouvoir bénéficier d'un audit, de tests d'efficacité et de personnels formés au risque présenté par la foudre. Un bâtiment ne reste pas en l'état, il change, parfois d'une façon discrète. Qui penserait qu'un banal échafaudage peut majorer les effets de la foudre ? Ces personnels doivent pouvoir vérifier, avec tous les corps de métiers, que les changements apportés sont sans danger. Pour les ingénieurs de l'APAVE, il est évident que les coûts engendrés par ces obligations sont minimes par rapport à ceux que peut occasionner la foudre.
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