POUR LUTTER contre l'alcool, cause de plus de 60 problèmes de santé qui représentent 4 % du poids global de la maladie dans le monde, la plupart des pays ont mis en place des politiques utilisant des cocktails variés de mesures réglementaires. Des chercheurs du New York Medical College, sous la houlette d'Albert Lowenfels, ont établi un indice permettant de mesurer ces politiques et de comparer différents pays et leur détermination dans la prévention.
L'indice des politiques antialcool comprend 100 points : 32 concernent les restrictions aux ventes d'alcool (selon l'âge, les heures, les lieux…), 8 l'environnement de la consommation (programmes d'information et de formation), 24 les prix, 3 la publicité et 34 la conduite et les contrôles d'alcoolémie au volant*. Par exemple, l'âge légal pour acheter de l'alcool fixé à 20 ans donne 7,9 points, à 18 ans 3,9 points et à 16 ans aucun point.
Dix pays seulement ont la moyenne, à commencer par la Norvège, qui l'emporte avec 67,3 points, suivie de près par la Pologne (67) puis par l'Islande (64,5). La France fait partie des derniers de la classe : avec 26,9 points, elle est au 26e rang, devançant l'Autriche (23), l'Allemagne (22,4), la Suisse (22,4) et le Luxembourg (14,5). Si elle se défend plutôt bien en ce qui concerne l'alcool au volant (20/34), elle est jugée très faible quant à la limitation de l'accès aux alcools (2/32) et aux prix (3/24).
Un lien avec le niveau de consommation.
L'intérêt de l'indice des politiques sur l'alcool est son lien, vérifié par les auteurs, avec le niveau de consommation : plus la note est élevée, plus il est bas. Seulement trois pays échappent à la règle : le Mexique (45,1 points) à cause du commerce parallèle d'alcools, estimé à plus de 50 % du total ; la Turquie, qui a une note moyenne (48,7) mais une consommation faible, sans doute en raison de l'opposition religieuse à l'alcool ; et la Hongrie, bien notée (57,5), mais où l'on boit beaucoup, l'hypothèse étant que les lois n'y sont guère appliquées.
Quoi qu'il en soit, l'outil peut être utile aux décideurs de santé pour estimer l'impact de telle ou telle mesure. Par exemple, si les Etats-Unis imposaient des taxes augmentant les prix de 50 %, son score passerait de 43,1 actuellement à 48, et la consommation chuterait théoriquement de 7 %.
Dans notre pays, où la politique en la matière est soumise à de nombreuses pressions, la marge de manoeuvre est apparemment large. Avis aux décideurs !
* Le total dépasse 100, car il y a des arrondis après la virgule.
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