La migration des professionnels de santé fait l’objet d’un nouveau panorama réalisé sur la période 1991-2004, selon des données issues de 18 pays de forte destination médicale et pour beaucoup membres de l’OCDE, dont la France.
La majorité des médecins installés alors à l’étranger proviennent d’Asie, montre l’étude de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (IRDES).
En 2004, plus de 71 000 praticiens Indiens et 20 000 Philippins exercent au-delà de leurs frontières respectives. Suivent les Canadiens, les Anglais et les Sud-Africains, tous anglophones, ce qui facilite la mobilité internationale, explique l’enquête. En haut du tableau, dix pays exportent à eux seuls plus de 200 000 médecins.
Entre le Sri-Lanka et les Pays-Bas, la France n’arrive qu’en 25e position avec 4 311 médecins à diplôme français exerçant à l’étranger.
Le taux d’émigration, qui rapporte le nombre de médecins émigrants à ceux formés dans le pays d’origine, apporte une nouvelle analyse des déplacements géographiques des professionnels.
En 2004, les petites îles des Caraïbes et du Pacifique ainsi que l’Afrique subsaharienne sont les deux régions du monde qui présentent le taux le plus important d’exportation de médecins. Il frôle les 99 % à la Dominique et à la Grenade. Plus surprenant, un médecin Irlandais sur deux (54,3 %) quitte son pays, indique l’IRDES. Là encore, l’utilisation de l’anglais mais aussi la proximité géographique des États-Unis et de l’Europe, importantes zones de recrutement de médecins, expliquent ces données.
2 % des médecins français émigrent
Hors tableau, la France exporte seulement 2 % de ses médecins diplômés, essentiellement vers les pays voisins : la Belgique (1 377 médecins), l’Allemagne, (252), l’Italie (221), la Suisse (122) et le Royaume-Uni (447). Les États-Unis (1 285) représentent la deuxième destination des médecins français. 443 praticiens ont également posé leur stéthoscope au Canada.
À l’échelle planétaire, le choix de destination des médecins est sans ambiguïté. La France ne reçoit que 1 % des médecins étrangers dans le monde. Ce chiffre est une fourchette basse, nuance l’IRDES, en raison de la non-reconnaissance d’un certain nombre de praticiens étrangers vacataires à l’hôpital.
Chiffre sûr, 80 % des professionnels se sont ainsi établis aux États-Unis et au Royaume-Uni en 2004, l’importance de la maîtrise de l’anglais dans les études médicales restant un élément significatif dans la mobilité internationale, répète l’étude.
L’étude se conclut sur une analyse sociopolitique de ces données migratoires.
Pour l’IRDES, l’émigration médicale ne peut être tenue comme seule responsable de la faible densité de professionnels dans les pays en développement. « L’immigration des médecins a longtemps constitué, notamment pour les pays riches, un moyen d’ajustement plus ou moins explicite des ressources humaines en santé », analyse l’Institut de recherche.
Les politiques consistant à fermer les frontières ont rarement été efficaces, rappelle l’IRDES. L’histoire a montré que les médecins ne sont jamais les derniers à rappeler aux pouvoirs publics leur droit à migrer.
Enfin, à la lueur de ces données, les experts de l’IRDES remettent en question l’efficacité des processus de régulation à l’entrée des études médicales, comme le numerus clausus français.
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