QUELLE POLITIQUE de santé pour les pays en développement ? Cette question a été au centre du travail réalisé lors du séminaire organisé par l'Institut d'études des politiques de santé (Ieps) et la Fondation des œuvres hospitalières françaises de l'Ordre de Malte sur la mise en place de programmes de santé dans les pays en développement. A la tête de ce séminaire, le Dr Michèle Barzach, ancienne ministre de la Santé. « Les ateliers ont été très productifs, notamment par l'intermédiaire d'échanges d'expériences », annonce-t-elle.
Le premier atelier, intitulé « Politiques de santé », a permis « de présenter et d'analyser des expériences afin de déterminer les raisons des succès et des échecs lors de la mise en place d'un programme d'actions dans un pays en développement », explique le Pr Isabelle Durand-Zaleski, directeur scientifique à l'Ieps. Parmi les recommandations, déterminer la demande et vérifier qu'elle corresponde à un besoin réel pour adapter le programme constitue la première étape. Avant la mise en place du projet, il faut vérifier que les métiers nécessaires au projet existent sur place. Dans le cas contraire, la création d'une formation s'impose pour assurer la pérennité du programme. L'analyse ciblée des contextes socio-économiques des pays vient ensuite. En aval, il faut poursuivre le développement des compétences locales et assurer la coordination entre les différents acteurs.
La lutte contre les contrefaçons a aussi son importance. Sans oublier le travail à faire sur les relations patients-soignants, encore trop caractérisées par un manque d'échanges d'informations. D'autant que cela favorise les circuits parallèles où il existe plus de contacts humains.
Le deuxième atelier concerne le médicament. Pour favoriser son accès dans les pays en développement, la volonté politique des pays du Nord comme du Sud doit s'imposer. La formation des professionnels à la prescription et à la délivrance de ces produits est indispensable. De même que l'existence d'une logistique appropriée des circuits de distribution. Côté qualité, la fiabilité de ces circuits s'impose. Des laboratoires de contrôle doivent permettre la lutte contre les contrefaçons, soutenus par la compétence des acteurs de santé, en matière de formation et d'information, et par l'administration créant la politique de santé. Sans oublier le nécessaire contrôle de l'information et de la promotion éthique. Par ailleurs, la mobilisation de la recherche (du Nord comme du Sud), le conditionnement (arrêt des comprimés en vrac), un dosage et une formulation adaptés aux patients et au climat sont capitaux. Concrètement, « le médicament fait partie des politiques de santé mais, seul, il reste inopérant et absolument pas garant de l'accès aux soins », affirme le Dr Marion Bamberger, directeur du développement économique et des affaires gouvernementales chez BMS. Elle propose donc une fédération de tous les acteurs, chercheurs, producteurs, distributeurs et prescripteurs, pour faire du médicament un outil favorisant l'accès aux soins.
Améliorer le dépistage du sida.
Le sida est le thème du troisième et dernier atelier. Maintenir l'équilibre entre prévention et traitement de cette maladie représente la première recommandation. D'autant que la prévention est difficile à mettre en place dans les pays en développement et que les antirétroviraux se révèlent efficaces. Un malade reprenant une vie active et ayant l'expérience de la maladie peut être acteur de la prévention par le partage de son vécu. Le dépistage, actuellement lourd avec des délais importants, doit être amélioré avec la mise en place de tests rapides et accompagnés. Les soignants sont souvent contaminés, voire contaminants. Leur mobilisation pour l'hygiène, mais aussi pour les pratiques de pré- et postexposition se révèle prioritaire. Une organisation anti-monopole pour les médicaments et l'introduction de modalités d'utilisation des fonds pour une optimisation sont recommandées. Et les accords bilatéraux ne doivent pas remettre en cause les dispositions de Doha. En raison de la multitude de programmes, la coordination des donneurs est nécessaire. Car l'arrivée des médicaments dans un pays ne signifie pas qu'ils atteindront les malades. Néanmoins, l'accès à des médicaments de qualité et pas uniquement contre le sida doit être possible. Avec l'arrivée des aides financières pour la lutte contre le VIH, il faut veiller à éviter un désengagement des autres pathologies.
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