DE NOTRE CORRESPONDANTE
« C’EST UN PETIT LIVRE – très modeste car nous savons bien que ce n’est pas cela qui va tout changer – mais qui suggère d’agir différemment pour contribuer à faire évoluer le système », indique le Dr Joëlle Guilhot, présidente du comité scientifique et d’éthique de la Fondation April, créée à Lyon en décembre 2008. De format A5 et doté d’une belle iconographie, ce livre s’emploie donc, au fil des pages, à énoncer quelques idées reçues « afin de lutter contre », précise Joëlle Guilhot, « en apportant des éléments de réflexion rationnels ». Exemple d’idée reçue : « Grâce à la Sécu, tout le monde peut se soigner, avoir le même accès aux soins ». Ou encore : « Être doté d’une bonne ou d’une mauvaise santé est une forme de fatalité. » C’est toute une idéologie qui est donc passée au crible pour essayer de la démonter, sur la base d’études et de chiffres référencés à chaque fin de chapitre. Un exercice périlleux car « tout le monde a un intérêt dans cette idéologie : les professionnels de santé car c’est leur métier, et surtout les malades eux-mêmes car la santé c’est presque leur dernière utopie, la chose à laquelle tout le monde peut avoir accès », analyse Joëlle Guilhot. Elle souligne, par ailleurs, combien la pratique préventive est souvent vécue par le grand public comme une « contrainte désagréable ».
Un baromètre « santé équitable ».
Le fait que les professionnels prescrivent à des gens qui ne cessent d’en redemander est donc mis en exergue afin de mieux démontrer la nécessité de rompre ce cercle vicieux. « C’est la problématique du " end of pipe " empruntée à l’environnement », précise la présidente du comité scientifique : « Nous risquons de continuer à courir pour réparer les fuites en fin de tuyau, au lieu de les empêcher en amont. » Sur le modèle de la prise de conscience opérée ces vingt dernières années en matière d’environnement, la Fondation souhaite apporter sa pierre au changement de paradigme. Une de ses principales activités, à savoir le mécénat, soutient déjà plusieurs actions dans ce sens. Et « tout notre objectif tourne autour de la production de connaissances sur le système de santé, affirme Joëlle Guilhot, c’est pourquoi nous allons bientôt proposer des prix aux jeunes chercheurs, qui récompenseront des travaux relatifs au système de soin et à l’optimisation de son utilisation, tout en préservant l’équité. »
Mais cette Fondation qui dispose d’un budget annuel de 150 000 euros a un autre gros projet sur le feu : la mise au point d’un baromètre qui fournira, dès 2011, des indications précises sur la perception de l’équité en santé. Quant à « La santé dévoilée », édité à plusieurs milliers d’exemplaires, il sera largement distribué dans tous le réseau d’April, mais aussi en accès sur le site de la fondation (http://www.fondation-april.org) et disponible dans les librairies Decitre.
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