L'HOSPITALISATION à domicile (HAD) a fait un sacré bout de chemin depuis son apparition dans le paysage sanitaire français.
L'actuelle présidente de la Fnehad, la Fédération nationale des établissements d'hospitalisation à domicile, qui regroupe les deux tiers des structures d'HAD du pays, est la première à l'admettre : «Les problèmes réglementaires ont été levés et les verrous ont sauté grâce à mon prédécesseur», dit le Dr Elisabeth Hubert, ancien ministre de l'Assurance-Maladie, à la tête maintenant d'un réseau d'HAD dans la région nantaise.
La France compte aujourd'hui 8 000 places d'HAD, rattachées à 205 structures qui emploient des centaines de salariés (infirmiers, médecins coordonnateurs, kinés, psychologues...). Ce qui permet chaque année à 70 000 personnes d'être hospitalisées chez elles. Les séjours durent de quelques jours à plusieurs mois. Tous concernent des pathologies lourdes : cancer (40 % des cas), neurologie lourde (de 25 % à 35 %), soins palliatifs (40 %). C'est précisément le concept de l'HAD, qui peine encore à s'imposer dans les esprits. Au grand dam de la présidente de la Fnehad : «L'hospitalisation à domicile ne doit pas être confondue avec le maintien à domicile, insiste le Dr Hubert . Elle concerne les cas lourds dont on se dit qu'ils devraient aller à l'hôpital. L'HAD coûte moins cher que l'hôpital, mais plus cher que l'ambulatoire. Il faut l'utiliser à bon escient par souci des deniers publics.»
Objectif : 15 000 places en 2010.
Elisabeth Hubert a adressé un courrier à Roselyne Bachelot dès son arrivée au ministère de la Santé, pour lui exposer sa conception de l'HAD et lui demander de lancer un plan pluriannuel de développement. Une requête qu'elle a renouvelée mercredi de vive voix à l'occasion d'une rencontre avec Roselyne Bachelot au ministère de la Santé, à la veille de l'assemblée générale de la Fnehad (à Bordeaux). «Ce plan est indispensable pour atteindre l'objectif de 15000places en 2010», assure Elisabeth Hubert. Au plan financier, la Fnehad réclame des tarifs stables, et la possibilité de récupérer une partie des crédits du plan Hôpital 2012. Elle demande aussi à ce que soit établi un référentiel des pratiques pour identifier le concept d'HAD et lister les pathologies concernées.
D'autres propositions concernent directement le corps médical. La Fnehad souhaite que les étudiants en médecine, dès l'externat, effectuent des stages dans les structures d'HAD. Elle suggère également de reconnaître le métier de médecin coordonnateur par une formation adaptée. Ils sont actuellement de 300 à 400, généralistes, praticiens hospitaliers ou gériatres, à occuper cette fonction dans l'une des 205 structures d'HAD. Salariés de la structure, le plus souvent à temps partiel, ils ne prescrivent pas, ne soignent pas. Leur rôle est d'assurer le suivi du protocole de soins établi en lien avec le médecin traitant. Une formation avec un diplôme à la clé ferait sans doute naître des vocations.
Rémunération trop peu attractive.
Plus encore que le faible nombre de médecins coordonnateurs, il existe un autre frein au développement de l'HAD : la pénurie, par endroits, de médecins libéraux prêts à dispenser les soins à domicile. D'autant que la rémunération est peu attractive : soigner un patient cancéreux ou en fin de vie à son domicile, est payé au prix de la visite classique. «L'HAD est lourde techniquement, et chronophage», admet la présidente de la Fnehad. Nombre de médecins traitants, rebutés par les contraintes du dispositif, hésitent à prescrire des séjours en HAD à leurs patients. Pour les inciter à s'engager sur cette voie, la Fnehad propose de créer des accords cadres régissant les relations entre les médecins libéraux et les structures d'HAD. Ces accords permettraient de coucher sur le papier les engagements des professionnels en termes de qualité, de sécurité et de permanence des soins.
«Je milite pour que l'HAD soit reconnue comme un établissement de santé au même titre que les hôpitaux et les cliniques», conclut Elisabeth Hubert. Qui ne devrait pas connaître l'inactivité dans les mois à venir.
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