«LE DÉBAT ACTUEL sur l'élection présidentielle évite le sujet de l'avenir du système de santé. On ne va pas au fond des choses et on ne sait pas où on va.» Parole de Jean-Claude Régi, président de la FMF (Fédération des médecins de France), manifestement très inspiré par son opposition frontale à la politique de santé menée depuis la réforme de l'assurance-maladie.
La FMF, forte de ses bons résultats aux élections professionnelles de 2006, interpelle l'ensemble des candidats à la présidence dans une lettre ouverte. «Vous n'ignorez pas, peut-on y lire , que la convention médicale actuellement en vigueur chez les libéraux a été rejetée très majoritairement aux dernières élections professionnelles de mai 2006.» Vous n'ignorez pas non plus, continue en substance le patron de la FMF, les remous provoqués par l'amendement Vasselle, «qui consiste à réserver le droit d'opposition aux seuls syndicats représentatifs». Le Dr Régi regrette ensuite que, malgré les propositions de la commission mixte paritaire de l'Assemblée nationale, aucune enquête de représentativité n'ait été diligentée depuis 2002 : «La FMF se voit ainsi spoliée de ce qu'elle a gagné dans les urnes.»
Le président de la FMF demande en conséquence à chaque candidat de se prononcer sur cette situation «si peu respectueuse des processus démocratiques». Et, sur sa lancée, il invite chaque candidat à répondre à une série de onze questions jointes en annexe (lettre et questionnaire disponibles en intégralité sur le site www.fmfpro.com).
Onze questions qui abordent des thèmes aussi variés que l'augmentation des dépenses de santé, les missions de la Sécurité sociale, l'égalité d'accès aux soins, la place du médecin dans le système de soins, le mode de rémunération, la démographie médicale et les missions de l'hôpital, pour ne citer que ceux-là. La FMF compte bien rendre publiques les réponses «et les absences de réponses» des candidats. Mais là, Jean-Claude Régi exclut de donner quelque consigne de vote que ce soit à ses adhérents, le Dr Jean-Paul Hamon, chef de file de la FMF-Généralistes, se demandant même s'il ira voter.
Pour le reste, Jean-Claude Régi a passé en revue l'actualité du moment. Avec tout d'abord le «harcèlement inacceptable» mis en oeuvre par certaines caisses primaires, dont sont victimes un grand nombre de médecins généralistes, au sujet «de l'affectation des prescriptions réalisées sur l'ordonnancier bizone: la méthode employée par les Cpam (caisses primaires d'assurance-maladie) et les menaces de sanctions financières rendent le travail du médecin peu conforme à la sérénité nécessaire à l'accomplissement de sa mission». Jean-Claude Régi faisait notamment référence à ce qui se passe dans le Vaucluse où 175 généralistes sont priés de fournir des explications à la Cpam qui menace de leur infliger une amende pouvant aller jusqu'à 12 000 euros : «Selon moi, il s'agit d'un test des caisses pour voir ce que les médecins sont prêts à supporter.»
La FMF observe enfin «avec étonnement les gesticulations de ceux qui découvrent aujourd'hui que nous sommes dans une enveloppe fermée, fixée par un Ondam (objectif national de dépenses d'assurance-maladie) , et qu'il existe un comité d'alerte».
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