«DÉMOGRAPHIE MÉDICALE désastreuse, permanence des soins loin d’être réglée, surcharge administrative, parcours de soins kafkaïen… » C’est un tableau bien sombre que la branche généraliste de la Fédération des médecins de France (FMF-G) a dressé lors de la présentation de ses principaux thèmes de campagne pour les élections aux unions régionales des médecins libéraux (Urml). Jean-Paul Hamon (Ile-de-France), Antoine Leveneur (Bretagne), Kamel Hamtat (Aquitaine), Guy Barberet (Franche-Comté), Rémi Lalandes (Provence - Alpes-Côte d’Azur), Nikan Mohtadi (Bretagne)… Les têtes de liste du syndicat présentes à ce lancement de campagne n’ont pas manqué de rappeler leur passé de « coordonnés » et «les avancées significatives obtenues pour la profession en 2002».
«C’est nous qui avons obtenu le C à 20euros et la visite à 30euros, nous qui avons obtenu la permanence des soins fondée sur le volontariat, la régulation et l’arrêt des gardes à minuit, s’est plu à énoncer le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF-G. Nous avons réussi à unifier la profession et à porter la parole de la base.» Les anciens coordonnés ont surtout rappelé qu’à l’issue de cette période mouvementée ils avaient préféré intégrer la FMF plutôt que de créer leur propre syndicat. «Nous avions 2500adhérents, mais nous n’avons pas été reconnus représentatifs en 2004. Ces élections professionnelles seront pour nous l’occasion d’obtenir enfin cette représentativité», jure le Dr Hamon.
Au-delà de la traditionnelle plate-forme de revendications, c’est une campagne résolument agressive que la FMF-G a commencé en égratignant ses rivaux. Elle les accuse d’avoir signé en 2002 le C à 18,50 euros, en 2004 une astreinte de nuit dégressive ou encore en 2005 une convention « qui fait crouler les médecins sous la paperasse et les fait harceler par les caisses». «On aimerait que les médecins retrouvent la mémoire, clame le Dr Antoine Leveneur. Les gros appareils syndicaux ont perdu toute légitimité pour représenter les médecins. Nous, on a parlé de thèmes simples et on a gagné. Notre crédibilité, c’est notre bilan.»
Les généralistes en grève le 24 juillet ?
La FMF-G, qui présente des listes au collège des généralistes dans 22 régions sur 26, souhaite faire basculer la majorité syndicale et renégocier les termes de la convention. Devant «l’inextricable parcours de soins», le syndicat souhaite un nouveau texte fondé sur le secteur unique à honoraires modulables. «C’est l’occasion de faire vivre l’entreprise médicale, raisonnablement sans avoir à s’humilier dans des négociations dégradantes»,explique le Dr Leveneur.
Dans sa plaquette électorale, la FMF-G réclame par ailleurs une plus grande reconnaissance des soins primaires avec la création d’une filière universitaire de médecine générale, une revalorisation de la valeur du C à 23 euros et un forfait médecin traitant pour tous les patients sur la base de 2 C. Le syndicat plaide également pour une réorganisation du système de la permanence des soins sur le modèle du Calvados avec une mutualisation des moyens techniques et humains entre les secteurs public et libéral. Il demande la fermeture du régime complémentaire de retraite ASV (Avantage solidarité vieillesse) avec maintien des droits acquis et leur report sur les autres régimes de la retraite.
Inquiète des sombres perspectives démographiques et du manque d’attractivité de la médecine générale – 1 600 postes d’internes non pourvus ces deux dernières années –, la FMF-G envisage d’associer les généralistes au mouvement de grève des chirurgiens, des anesthésistes et des gynécologues-obstétriciens programmé le 24 juillet «pour habituer les gens à la France de demain». Elle va proposer ce mot d’ordre au conseil d’administration de la Fédération.
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