« LE TEXTE que l'on nous a remis à la fin de la semaine dernière, est une provocation qui démontre l'inconscience et l'incompétence de ses auteurs ; c'est incohérent et intenable » : parole du Dr Bernard Rougier, secrétaire général de l'Unof, la branche généraliste de la Csmf, qui reflète l'ambiance actuelle chez les syndicats opposés à la signature d'un tel accord (« le Quotidien » des 18 et 22 juin 2004).
Pour Bernard Rougier, un certain nombre de points de ce texte vont à l'encontre de ce qu'il conviendrait de faire pour mettre en place une permanence des soins efficace.
D'abord la régulation. Selon Bernard Rougier, lors de la dernière réunion du groupe Descours, 60 départements ayant mis en place une régulation libérale ont été dénombrés. Pourquoi l'expérimentation prévue ne se fera-t-elle que sur 20 départements ? demande-t-il. Bernard Rougier ne comprend pas qu'un acte non régulé soit remboursé aux urgences et ne le soit pas dans le cadre de la permanence des soins libérale. « Patrick Pelloux (porte-parole des urgentistes hospitaliers, Ndlr) a encore fait le démago, en exigeant que cette régulation ne s'applique surtout pas aux urgences hospitalières », accuse Bernard Rougier.
Ensuite, l'astreinte. « On nage dans le grotesque le plus total », indique le secrétaire général de l'Unof, qui ajoute : « Une astreinte dégressive, il fallait y penser ! ; nous voulions une astreinte incitative et des actes rémunérés normalement, ils font le contraire. »
Plus généralement, le Dr Rougier fait valoir que « la participation à la permanence des soins reste une démarche volontaire, à laquelle on n'est pas forcé de participer ; nous, à l'Unof, nous pensons que ce système va se casser la figure, et nous allons donc déconseiller à nos adhérents de s'y aventurer ».
Le secrétaire général de l'Unof ajoute que, « pour l'instant », il ne lance pas de mot d'ordre de grève , et que son organisation continue « de participer aux réunions du groupe Descours » (la prochaine réunion est prévue le 7 juillet). Mais Bernard Rougier annonce également que le Dr Michel Chassang, président de la Csmf (Confédération des syndicats médicaux français, dont fait partie l'Unof) a écrit tout récemment à Philippe Douste-Blazy pour lui faire part de ses réserves relatives au protocole proposé par les caisses, et pour lui demander de reprendre le dossier en direct.
Le problème de l'astreinte.
Du côté de la FMF (Fédération des médecins de France), le ton est sensiblement le même, et le Dr Jean-Claude Régi indique d'emblée : « On ne peut pas être d'accord avec un texte qui ne répond à aucun des objectifs assignés à la permanence des soins. Nous n'avons pas encore tenu notre assemblée générale, mais je peux vous assurer que nous ne le signerons pas. » Le Dr Régi ne décolère pas sur la rémunération de l'astreinte : « Nous voulions une astreinte incitative, pour que les médecins retrouvent le chemin de la permanence des soins, surtout dans les zones démédicalisées. A la place, ils nous proposent une astreinte qui fond comme neige au soleil. Cela ne va pas régler le problème en milieu rural, et va en créer là où il n'y en avait pas. Notamment avec SOS-Médecins qui menace de se retirer du dispositif si on l'oblige à passer par la régulation du 15 pour que leurs patients soient remboursés des majorations d'actes. »
De même, le Dr Régi est choqué de ce que, contrairement à ce qu'ont obtenu les médecins hospitaliers, les médecins libéraux participant à la permanence des soins ne bénéficient pas du repos compensateur.
Quant à savoir comment son organisation va réagir à ce protocole, le Dr Régi se veut philosophe : « On ne lance pas une grève durant l'été ; si nous décidons d'une action, ce sera en septembre », explique-t-il.
A noter enfin que le Dr Costes, président de MG-France, et défenseur, avec le SML du protocole proposé par les caisses, a adressé une lettre au président de la Cnam, Jean-Marie Spaeth, pour lui demander une revalorisation du montant proposé pour l'astreinte : « La première correction à apporter, écrit le Dr Costes , porte sur le dispositif de dégressivité qui, en l'état, et bien que l'astreinte qui évolue positivement vers un principe de minimum de rémunération garantie soit en elle-même revalorisée - ne saurait être retenu à l'identique. »
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