LES NOUVEAUX ELUS des 26 unions régionales des médecins libéraux (Urml) ont commencé à élire les membres de leur bureau en assemblée générale. On connaît déjà l’identité de 16 présidents d’unions (voir ci-dessous). Neuf d’entre eux sont étiquetés Csmf : en Auvergne, en Alsace, en Lorraine, en Poitou-Charentes, en Picardie, en Champagne-Ardenne, en Haute-Normandie, en Guyane et en Guadeloupe. Sept unions ont élu un président issu de la Fédération des médecins de France (FMF) : Ile-de-France, Bourgogne, Corse, Bretagne, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Centre et Limousin.
Ces résultats, quoique partiels, confirment la percée que la FMF a faite lors du premier tour du scrutin. Pour son président, le Dr Jean-Claude Régi, qui briguait la présidence de dix à quinze unions, ils constituent «une révolution phénoménale».«Songez que la FMF prend la présidence de l’Ile-de-France, s’exclame-t-il. Quand on sait où nous étions il y a deux ans, c’est tout un symbole!». Le président de la FMF est des plus optimiste s sur l’issue définitive du scrutin. «Je pense que la FMF va gagner ces élections. Même si la Csmf conserve certains bastions, la FMF devrait au final représenter le plus grand nombre de voix.»
Une victoire donnerait de nouvelles ambitions au Dr Régi. «Le résultat de ces élections est éminemment politique, analyse-t-il . Les pouvoirs publics doivent mesurer l’ampleur du message que leur adressent les médecins et être à l’écoute de nos revendications. Si on ne nous écoute pas, si on n’accorde pas à la FMF la représentativité chez les généralistes, on pourra parler de parodie d’élection. La représentativité ne doit pas rester celle de 2000, sinon, nous allons entrer dans un mouvement de contestation forte.»
« Alliances de circonstance », selon la Csmf.
Pour le Dr Michel Chassang, président de la Csmf, ces premiers résultats montrent que la Confédération «a su faire face aux alliances de la FMF, de l’Uccmsf, de MG-France et d’Espace Généraliste». «Ces gens-là sont animés par l’idée de tous s’unir contre la Csmf, mais je ne pense pas que ces alliances de circonstance puissent durer, affirme le Dr Chassang. Les divergences ne manqueront pas de réapparaître. C’est comme si se mettaient en place en France des gouvernements régionaux avec une alliance duparti socialiste, de l’extrême gauche et de l’extrême droite... Ça n’irait pas très loin.» Selon le président de la Csmf, les bons résultats de la FMF dans les grandes régions sont surtout le fruit de la multiplication des listes. Le président de la Confédération tente de minimiser la portée des résultats de ce scrutin : «Ce ne sont que des affaires locales et cela n’a pas de répercussion sur les affaires nationales. Les unions n’auront pas, demain plus qu’hier, un grand rôle.»
La Conférence nationale des présidents d’union sur la sellette.
Le président de MG-France, le Dr Pierre Costes, estime que les élections des bureaux des unions illustrent au contraire la volonté des syndicats de mettre en place un nouveau dispositif «plus utile à la région» : «La Csmf a eu un usage monopolistique des unions. Certains projets mégalomaniaques ont été menés, comme Liberalis, pour le recueil d’informations. Des millions d’euros ont été dilapidés. Nous souhaitons que les nouvelles équipes des unions débloquent ces situations.»
Les alliances entre la FMF et MG-France peuvent-elles durer au-delà de l’élection des bureaux ? Le Dr Costes veut le croire : «Nous avons défini que la première liste dans chaque section prendrait sa présidence, mais nous avons aussi essayé de diversifier l’organisation dans les bureaux des sections. L’hégémonie de la Csmf était stérilisante et les unions doivent être au service des médecins et de leur métier. Elles n’ont rien à voir avec les programmes des syndicats.»
Le président de MG-France juge que le syndicalisme a été conforté par le suffrage universel et que la Conférence nationale des présidents (CNP) des unions n’a plus lieu d’être. «Cette association de loi 1901 des présidents confédérés n’a pas sa place dans le paysage institutionnel français, affirme-t-il. Si un représentant de MG-France devient président d’une union, nous lui demanderons de ne pas y siéger.»
Le Dr Dinorino Cabrera, président du Syndicat des médecins libéraux (SML), porte un regard sévère sur le changement de bureau des Urml. «On assiste à tout et à n’importe quoi. J’ai comme l’impression que certains confondent la chasse aux titres avec l’intérêt des unions. Dans certaines régions, les présidents n’auront aucun pouvoir car ils ne bénéficieront pas d’une réelle majorité. La FMF a accepté de se partager le gâteau avec MG-France et Espace Généraliste. Il y a des redistributions d’alliances au gré du vent. C’est que la présidence en fait fantasmer plus d’un.» Selon Dinorino Cabrera, «la Csmf a besoin de compter ses présidences, mais ce n’est pas forcément celui qui aura le plus de présidents qui va gagner». Le résultat de ce second tour est attendu avec impatience par les syndicats. Les Urml de Basse-Normandie, du Languedoc-Roussillon et de Rhône-Alpes doivent élire leur bureau aujourd’hui. Demain, ce sera au tour de l’Union des Pays de la Loire (1).
(1) Les dates de l’assemblée générale de l’Urml Réunion, Nord - Pas-de-Calais et de Franche-Comté n’ont pas encore été fixées. En Aquitaine, l’élection du bureau a également été reportée à une date ultérieure après que des syndicats ont déposé des recours pour fraude devant le tribunal de grande instance de Bordeaux (« le Quotidien » du 27 juin).
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