Réélu pour trois ans à la tête de la Fédération des médecins de France (FMF), le Dr Jean-Paul Hamon a jugé ce mardi que la politique de santé conduite depuis deux ans aboutit à une « destruction systématique du tissu libéral ». « Le gouvernement est autiste, il n’écoute absolument pas les médecins de terrain », a asséné le généraliste de Clamart (Hauts-de-Seine) lors d’un point presse mené tambour battant, alors que Marisol Touraine doit présenter ce jeudi les orientations de son projet de loi de santé.
Rien ou presque ne trouve grâce aux yeux du Dr Hamon. Les praticiens territoriaux de médecine générale ? Ils ne seraient en rien une solution à la désertification médicale alors que des contrats de praticiens salariés « à 6 000 euros pour 35 heures » fleurissent un peu partout. Les sanctions pour dépassements excessifs, le contrat d’accès aux soins de modération tarifaire ? Autant d’« attaques » contre le secteur II, et ce « sans revaloriser le secteur I sinon par des forfaits saupoudrés à quelques spécialités ».
Les programmes PRADO ou Sophia ? La FMF condamne une organisation des soins « aux mains de la CNAM » qui imposerait aux médecins de nouvelles tâches administratives sans coordination réelle.
Quant au tiers payant « généralisé et obligatoire », ce serait une « déclaration de guerre » au secteur libéral. Nul espoir non plus dans le DMP, que Marisol Touraine a promis de relancer, « alors que la solution de la messagerie sécurisée existe et pourrait être déployée en moins de 6 mois à peu de frais », assure la FMF.
Un forfait structure de 30 à 40 000 euros par an
Face à cette « tragédie », dont les déplaquages précoces en médecine de ville seraient la preuve, la FMF appelle de ses vœux (comme d’autres organisations) un plan Marshall ciblé sur la médecine libérale.
La mesure phare serait le financement d’un forfait structure (« 30 à 40 000 euros par an », estime le Dr Hamon) permettant aux praticiens de se doter d’un secrétariat, d’une informatique communicante digne de ce nom, et d’imaginer si nécessaire des délégations de tâches. « Quand Marisol Touraine nous dit qu’elle va engager une énième concertation jusqu’en 2015 autour de son projet de loi santé, on se fiche du monde, peste le généraliste. Il faut arrêter de gagner du temps et agir vite et fort. »
Au-delà des moyens réclamés à l’État, le syndicat estime qu’il est urgent de réformer les études médicales (avec davantage de stages obligatoires en ville) et d’« éduquer la population », en particulier à l’accès aux urgences hospitalières.
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