Chez des souris prédisposées

La flore intestinale modifie le risque de diabète de type 1

Publié le 22/09/2008
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LA FLORE intestinale est peut-être encore plus précieuse que nous l'imaginions. Une étude américaine, conduite dans le modèle de la souris, indique en effet qu'elle s'oppose à la survenue du diabète de type 1. Cette découverte pourrait déboucher sur la mise au point de nouvelles stratégies préventives et thérapeutiques destinées aux patients diabétiques ou présentant un risque élevé de le devenir.

L'incidence du diabète de type 1 ne cesse d'augmenter dans les pays développés. Ce phénomène suggère que des modifications environnementales pourraient influencer la pathogenèse de cette maladie auto-immune. Diverses données indiquent d'ailleurs que l'environnement microbien modifie l'incidence de cette pathologie chez les souris qui y sont génétiquement prédisposées (souris NOD, pour Non-Obese Diabetic).

Alexander Chervonsky et coll. ont décidé d'étudier le rôle de la flore bactérienne intestinale sur l'incidence du diabète chez ces souris NOD.

La réponse immunitaire innée aux bactéries.

Les chercheurs ont commencé par étudier l'effet d'une mutation qui inhibe une partie de la réponse immunitaire innée aux bactéries présentes dans l'intestin (mutation de la protéine MyD88). L'expérience a montré que cette mutation protège les souris NOD du diabète de type 1, suggérant l'existence d'un lien entre l'activation du système immunitaire par les bactéries saprophytes et le développement du diabète auto-immun. Lors d'une seconde série d'expériences, Chervonsky et son équipe ont comparé l'incidence du diabète de type 1 chez des souris NOD (porteuses d'une mutation du gène Myd88 ou non) élevées dans des conditions normales ou qui leur permettent de garder le système digestif parfaitement stérile. Il est alors apparu que les animaux dépourvus de flore intestinale ont un risque particulièrement élevé de déclarer un diabète. Ce risque s'atténue de manière significative si l'on administre aux animaux un cocktail de bactéries commensales capables de coloniser leur intestin.

Les chercheurs ont également découvert que la mutation du gène Myd88 entraîne une modification de la flore intestinale des souris. Cet effet semble contribuer à l'effet protecteur de la mutation. En transférant la flore de souris mutées pour ce gène à des souris NOD dont le système digestif est stérile, on atténue leur risque de diabète.

L'ensemble de ces données indique clairement que la flore intestinale et son interaction avec le système immunitaire peuvent modifier le risque de diabète de type 1. En poursuivant ce travail de manière à déterminer la composition exacte de la flore la plus « protectrice », il pourrait être possible d'aboutir à un nouveau concept de prévention, voire de prise en charge, de cette maladie métabolique.

Wen L et coll. « Nature », édition avancée en ligne.

> ÉLODIE BIET

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8424