A Séville, le long du Guadalquivir

La flamboyante andalouse

Publié le 07/11/2007
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«ELEVONS ICI un monument qui fasse croire à la postérité que nous étions fous!» Cette phrase, prononcée par un prêtre lors de la prise de la Grande Mosquée de la ville par Fernando III de Castille en 1248, illustre bien le côté démesuré qui présida à la construction de la cathédrale de Séville, plus grande église gothique du monde et troisième temple de la chrétienté, après Saint-Pierre du Vatican et Saint-Paul à Londres. De l'ancienne mosquée almohade, il ne reste que le superbe patio des Orangers et surtout le haut minaret de brique adorné en 1568 d'un clocher surmonté de la monumentale girouette qui donna à la célèbre tour son nom de Giralda.

La cathédrale, dont les proportions imposantes semblent clamer le retour triomphal du christianisme espagnol après les siècles de domination musulmane, abrite une succession de chapelles intercalées dans les nefs latérales, où se bousculent les styles dominés par l'architectures espagnole de la Renaissance. Outre les remarquables collections de sculptures de l'école sévillane et d'innombra-bles toiles de Murillo, Zurbaran et Goya (l'édifice est considéré comme la deuxième pinacothè-que de la ville), on peut admirer le mausolée de bronze du tombeau de Christophe Colomb, dont les restes furent ramenés ici de la cathédrale de la Havane lors de l'indépendance de Cuba.

L'osmose des styles.

Dans cette ville dont l'histoire aussi riche que tumultueuse se joue des repères, il faut abandonner dare-dare toute idée reçue et, faisant fi de tout cartésianisme, vagabonder à la recherche de l'âme andalouse et son métissage de cultures.

Celtes-Ibères et Romains chrétiens, Arabes, Maures et Berbères musulmans, Mudéjares et Espagnols de tous siècles ont façonné cette ville irréductiblement et irrémédiablement andalouse.

A Séville, tout se mêle et rien ne se heurte. L'art mudéjar se fond sans se brouiller avec le classique ou la flamboyance gothique de la Renaissance. Sur la place du Triomphe, l'Alcazar et ses jardins, le plus important des édifices civils de Séville, étale son ensemble monumental dont les origines remontent au haut Moyen Age. Les murailles qui l'entourent datent des premières années du Xe siècle, Le patio del Yeso appartient à la période almohade, qui va de 1147 à 1237, et son ornementation servit d'inspiration à l'architecture nazari, mais ce sont les constructions chrétiennes, comme le palais gothique construit sous le règne d'Alfonso X, qui donnèrent à l'ensemble sa configuration actuelle. Le palais abrite de superbes azulejos et sa salle de la Justice, construite au milieu du XIVe siècle, premier exemple de style mudéjar, illustre la parfaite osmose entre l'art islamique et chrétien.

Non loin des jardins de l'Alcazar, sur les rives du Guadalquivir, la Torre del Oro faisait partie du système de défense de la ville, entourée de hautes murailles. La tour doit son nom au revêtement de céramique dorée dont elle était revêtue à l'époque musulmane. Au pied de l'édifice s'entassait jadis, venues des Amériques, les milles et une richesses rapportées dans les flancs des lourds galions espagnols qui remontaient le fleuve.

Dans le quartier de Santa Cruz, labyrinthe aux murs couleur de miel, mosaïque de maisons austères ou éclatantes, on découvre par des portes entrebâillées de merveilleux patios embaumés par l'odeur enivrante des citronniers et de la fleur d'oranger. Au détour d'une venelle du quartier de Triana, l'ancienne Trajana romaine, l'oeil s'arrête sur l'ouverture d'un porche qui laisse apparaître une fontaine fleurie décorée d'azulejos. Et l'on se rappelle que le patio andalou ressemble diablement à l'atrium ouvert des villas romaines à l'époque où l'Andalousie, bien avant les invasions arabes, portait le nom de Bétique, l'une des plus riches provinces de l'Empire.

La religion et la fête.

Toujours très fréquentées, les nombreu-ses églises sévillanes, souvent anciennes, mosquées « reconverties » au culte de la Vierge, témoignent pour une bonne part de l'âme andalouse, dont le catholicisme affiché prend souvent des allures de joyeuse ferveur païenne.

A Séville, la religion participe activement à la fiesta populaire, fêtes patronales, foires ou défilés qui battent son plein entre les mois d'avril et octobre, sans oublier les spectacles taurins et les festivals de flamenco.

De renommée internationale, la Semaine sainte (en avril), qui met en scène depuis des siècles la Passion du Christ avec force processions, défilés d'associations religieuses et de confréries, est une célébration, en dehors de toute considération confessionnelle, d'une authenticité aussi bien esthétique que spirituelle, unique au monde, tout comme la Feria de Abril, qui se déroule deux semaines plus tard et où les Sévillans laissent libre cours à leur passion immodérée pour les chevaux.

Séville sait à merveille engloutir ses visiteurs dans ses délires festifs, tout comme dans le bain de sa vie nocturne. Partout les soirées qui se prolongent tard dans la nuit font partie intégrante de la vie sévillane. Dès la nuit tombée et jusqu'au petit matin, Séville est encore plus animée que dans la journée et il est difficile de résister à la frénésie noctambule ambiante. Il faut jouer le jeu et s'accoutumer au rythme sévillan en traînant dans les bars, les bodegas et les terrasses autour de la Giralda pour grignoter force tapas jusqu'au dîner que l'on prend si tard en Espagne. Pour se régaler de savoureux jambons, de poissons arrosés du fameux vin de Jerez, le délicieux nectar andalou.

Quel que que soit son âge, on négligera prudemment, pour préserver son ouïe et ses cristallins, les décibels homicides et les lasers aveuglants type « Guerre des étoiles » des boîtes trop modernes si chères à la Movida, pour les caves à flamenco avec ses déhanchements sensuels au son des guitares nettement plus dépaysants.

Un havre agreste

On se reposera des fatigues de la ville en faisant retraite à l'hacienda La Boticaria, à une quinzaine de kilomètres du centre-ville. Cette ancienne propriété agricole reconvertie en hôtel de luxe associe une décoration contemporaine dépouillée, aux tons chauds de ses façades colorées oscillant entre l'ocre doré, le safran orange et le rouge carmin.

Le lobby à mezzanine s'ouvre sur un vaste patio où bruisse une fontaine. Les chambres articulées autour de différents patios en rez-de-chaussée offrent le spectacle d'une campagne à perte de vue. Et un spa résolument contemporain apporte une touche résolument moderniste à cette hacienda aux allures un peu monacales.

Le havre agreste de la Boticaria servira de base de départ pour sillonner les environs et visiter les pueblos blancos, les villages blancs avec Ronda, berceau de la tauromachie et la majestueuse ville de Carmona entourée de ses remparts avec son superbe marché couvert du XIXe siècle et son étonnante nécropole romaine.

Pour partir

TRANSPORTS

Air Europa, compagnie régulière espagnole, avec 2 vols quotidiens Orly-Séville, à partir de 157 euros TTC A/R.

Tél. 01.42.65.08.00 et www.aireuropa.com.

HOTELS

– Hacienda La Boticaria

Golf & Spa Resort Alcalà, Utrera, km 2,5, 41500 Alcala de Guadaira, Sevilla. Tél. (34) 955.698.820

et www.laboticaria-hotel.com.

A 13 km du centre de Séville, une hacienda insérée dans un vaste domaine, 130 chambres et suites donnant sur des jardins et des patios, 2 piscines avec terrasses solarium, 1 piscine couverte, fitness et sauna, luxueux spa. Navette gratuite pour le centre de Séville. A partir de 192 euros la nuit.

– Casa Romana Hôtel Boutique Calla Trajano, 1541002 Sevilla. Tél. (34)954.915.170

et www.hotelcasaromana.com.

En plein centre-ville, cette belle demeure andalouse du XVIIIe siècle restaurée en hôtel de charme offre de sa ravissante terrasse sur le toit un panorama unique sur la cathédrale et l'ancien minaret de la Giralda. A partir de 150 euros la nuit pour 2 personnes.

RESTAURANTS

– Hosteria del Laurel

Plaza de Los Venaralves 5 41004 Sévilla. Tél. (34)954.220.295 et www.hosteriadellaurel.com.

Tout près de la Giralda, un excellent restaurant réputé pour ses délicieux tapas chauds et froids (à partir de 6 euros le tapas).

– Casa Robles Alvarez Quintero, 5841004 Sevilla. Tél. (34)954.563.272 et wwww.casa-robles.com.

Face à la cathédrale, cuisine andalouse typique, viande et poissons excellents.

SEJOURS

Donatello propose des forfaits « week-end » de 3 jours/2 nuits incluant les vols A/R, l'hébergement 2 nuits en chambre double et petit déjeuner, à partir de 373 euros Paris/Paris TTC à l'Hotel Casa Camona, et à partir de 499 euros P/P TTC à l'Hacienda La Boticaria Golf & Spa Resort.

LIRE

L'excellent guide « Séville » (éd. Maravillate) en français fourni gracieusement par l'office de tourisme de Séville.

RENSEIGNEMENTS

– Office espagnol de tourisme,

43, rue Descamps, 75016 Paris. Tél. 01.45.03.82.50 et www.spain.info/fr.

– Tourisme de Séville (Convention Bureau)

Plaza de San Francisco, 19 41004 Sevilla. Tél. 954.592.915 et www.turismo.sevilla.org.

– Donatello : tél. 0826.10.20.05 et www.donatello.fr. Voir aussi Directours 01.45.62.62.62 et www.directours.com.Brochures dans les agences de voyages.

> JACQUES CHAMBAZ

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8252