Le Généraliste : Comment expliquer cet engouement, voire ce plébiscite de la jeune génération pour l’exercice en groupe ?
Yann Bourgueil. Tout d’abord, il n’est pas lié à la féminisation de la profession. C’est un phénomène qui va bien au-delà. Cela traduit, je pense, des évolutions de souhaits à la fois personnels et professionnels des jeunes médecins et qui changent de facto, la représentation de ce qu’est l’exercice de la médecine : une nouvelle manière d’articuler son travail et sa vie professionnelle. Ce sont ces facteurs qui expliquent à mon sens l’intérêt pour la médecine de groupe, en tout cas dans le cadre du paiement à l’acte. En se retrouvant à plusieurs, ils peuvent ainsi se répartir la même activité, mais sur un nombre de journées plus petit. C’est une évolution qui correspond à celle que l’on peut voir chez les cadres qui appliquent les 35 heures Ils font peut-être de plus grosses journées mais ils travaillent moins de jours.
Cette évolution concerne-t-elle aujourd’hui l’ensemble des généralistes ou seulement la jeune génération ?
Y.B. Si on regarde les statistiques, on s’aperçoit qu’il y a une augmentation de l’exercice en cabinet de groupe chez les plus de 50 ans. Elle passe de 39 à 45 %, ce qui est tout de même modéré. On peut donc penser qu’il y a un phénomène de regroupement qui concerne aussi les médecins un peu plus âgés mais c’est la dynamique des jeunes qui est la plus importante.
Quelle est la définition d’un cabinet de groupe ?
Y.B. Nous en avons retenu lors de notre étude une définition basique : un cabinet où exercent au moins deux médecins généralistes. Globalement, ce que nous avons constaté, c’est que les groupes restent de petite taille, avec deux ou trois médecins. Chez les médecins de 40 ans, il y a semble-t-il une évolution vers des groupes de plus grande taille ; ce qui va assez bien avec l’idée que l’on cherche à mieux organiser sa vie privée et sa vie professionnelle. En revanche, nous n’avons pas constaté de part plus importante des jeunes dans les structures pluridisciplinaires. Les jeunes médecins se regroupent plutôt entre eux, entre généralistes.
Est-ce donc la fin du modèle traditionnel de l’exercice en solo ?
Y.B. C’est en tout cas la fin du modèle dominant, pour l’instant. L’exercice en groupe aujourd’hui est majoritaire.
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