NOUS COMMENCIONS enfin à nous familiariser avec le principe du clonage thérapeutique par transfert nucléaire, une technique qui permet d'obtenir des cellules souches embryonnaires à partir d'un organisme adulte. Plus de dix ans après les premières expériences se fondant sur l'usage de ce procédé, des chercheurs étaient même parvenus à l'adapter au cas des primates (« le Quotidien » du 16 novembre). Et voilà que l'on nous parle maintenant de la possibilité d'obtenir des cellules similaires aux cellules souches embryonnaires sans passer par la production d'un embryon, par une « simple » dédifférenciation de cellules adultes. Dans la course à la cellule souche totipotente, laquelle des deux techniques gagnera ?
Contre toute attente, pour le Pr Ian Wilmut, le chercheur à l'origine du protocole de transfert nucléaire qui a permis la naissance de la brebis Dolly, la dédifférenciation des cellules adultes est certainement la stratégie gagnante.
D'importantes perspectives thérapeutiques.
Dans une interview donnée samedi dernier au quotidien britannique « The Daily Telegraph », il a annoncé qu'il avait récemment renoncé à poursuivre ses recherches sur le clonage thérapeutique pour se concentrer sur l'approche développée par Shinya Yamanaka. Pour Wilmut, la possibilité de reprogrammer des cellules adultes en cellules souches sans passer par la production d'un embryon est non seulement «cent fois plus intéressante», mais aussi «plus facile à accepter pour la société».
Obtenir des cellules souches totipotentes à partir d'un organisme adulte ouvre d'importantes perspectives thérapeutiques : il est en effet théoriquement possible d'induire la différenciation de ces cellules en n'importe quel type cellulaire, pour régénérer n'importe quel organe d'un patient avec ses propres cellules.
Mais, jusqu'ici, la seule source de cellules totipotentes était l'embryon. Pour obtenir des cellules souches totipotentes parfaitement compatibles avec un patient adulte, il était donc nécessaire de passer par la production d'un embryon en utilisant la technique du clonage thérapeutique par transfert nucléaire. Si l'expérience n'a jamais été réalisée chez l'humain, les résultats récemment obtenus chez le macaque laissent imaginer qu'il n'existe pas de barrière technique s'opposant à la mise en pratique d'une telle stratégie.
Les questions éthiques.
Cependant, la faible efficacité du clonage thérapeutique nécessite l'utilisation d'au moins 150 ovocytes, des cellules particulièrement difficiles à se procurer, pour générer une seule lignée de cellules souches. Par ailleurs, passer par la production d'un embryon humain (qui sera détruit après prélèvement des fameuses cellules souches) pose de nombreuses questions éthiques.
La technique aujourd'hui décrite par les équipes de Yamanaka et de Thomson s'affranchit de ces deux problèmes. Certes, elle est encore balbutiante et plusieurs années de recherche seront nécessaires avant qu'elle ne soit utilisable à des fins thérapeutiques. Cependant, pour le Pr Wilmut, «il y a toutes les chances que le jour où le transfert nucléaire fonctionnera chez l'humain avec une efficacité satisfaisante, la reprogrammation directe des cellules adultes différenciées en cellules souches totipotentes fonctionnera elle aussi».
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