On peut toujours dire que les pilotes américains sont tellement bêtes qu'ils bombardent leurs propres troupes au sol et des soldats de l'Alliance, et que la CIA est tellement stupide que l'un de ses agents est mort dans les combats de Kunduz.
Mais si on établit un premier bilan de la guerre d'Afghanistan, on devra bien admettre les points suivants, qui démentent formellement les nombreux prophètes de malheur, à commencer par d'anciens officiers supérieurs russes qui ne voyaient pas comment les Etats-Unis pouvaient gagner la guerre qu'ils ont perdue :
- Les bombardements aériens sont tout à fait capables de venir à bout d'une résistance ennemie. Cela a été démontré au Kosovo et en Afghanistan.
- Bien que, au début du conflit, les Américains aient été débordés par l'avance éclair des forces de l'Alliance du Nord, ils gardent la haute main sur les décisions qui les concernent, et principalement sur le sort qui sera réservé aux mercenaires étrangers, c'est-à-dire aux terroristes, et au mollah Omar. Hamid Karzai, le leader pachtoune, a annoncé qu'il ne toucherait pas un cheveu du mollah, et il a suffi d'un froncement de sourcil de Donald Rumsfeld, le secrétaire d'Etat américain à la Défense, pour qu'il revienne sur ses déclarations.
- Les talibans, qui devaient mourir plutôt que de se rendre, ont perdu comme par enchantement le goût du suicide et l'espoir de retrouver au paradis les 72 vierges qui les attendent. Si les mercenaires se sont battus jusqu'au bout, c'est parce qu'ils savaient qu'ils seraient exterminés ou jugés et condamnés.
- Une solution politique provisoire a pu être mise en place à Bonn et la présence d'une force internationale de l'ONU, qui sera probablement musulmane, a été acceptée par l'Alliance.
- Contrairement aux analyses les plus répandues, il n'est pas certain que les factions afghanes, tout de même lasses de la guerre, ne pourront pas s'entendre durablement.
- L'acheminement de l'aide humanitaire pose encore des problèmes, mais ils seront rapidement résolus grâce à la fin des combats.
- A l'heure où nous écrivons ces lignes, Ben Laden n'a pas été retrouvé ; en revanche, les réseaux d'Al Qaïda ont été détruits, les grottes où ils se cachaient ont explosé, le terrorisme mondial subit son premier grave échec, tandis que ses troupes sont pourchassées dans le monde et commencent à manquer d'argent.
- Les Américains ont déjà rapatrié une partie de leurs troupes, signe qu'ils entendent évacuer complètement l'Afghanistan dès qu'ils seront sûrs que le mollah Omar et Ben Laden sont hors d'état de nuire. En tout état de cause, Geroge W. Bush a appliqué son programme. Il n'a pas l'intention de dire aux Afghans comment ils doivent être gouvernés. Si le pays replonge dans l'anarchie, ce sera la faute des Afghans. Mais, encore une fois, le pire n'est pas sûr.
Un pouvoir théocratique, la pire des dictatures, a été mis à bas. Les Afghans recommencent à respirer, les femmes afghanes à récupérer au moins une partie de leurs droits, un espoir existe pour un pays ravagé par un quart de siècle. Y a-t-il quelqu'un dans la salle pour dire que ce n'est pas du bon travail ?
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