Largement dominé par les États-Unis (où se situe le premier groupe mondial Pfizer), le Japon et l’Europe occidentale qui représentent à eux trois 80 % des ventes, le marché du médicament connaît depuis plus d’une décennie de profondes restructurations liées à la croissance des coûts de la recherche pour la mise au point de nouveaux produits, au développement des médicaments génériques qui peuvent être vendus 15 % à 30 % moins chers que les princeps et aux politiques nationales de réduction des coûts dans les systèmes de santé. On a assisté ces dernières années à des fusions-acquisitions visant notamment à réaliser des synergies et des économies d'échelle. La plus notoire chez nous fut l’alliance entre Sanofi-Synthélabo et aventis, donnant naissance en août 2004 à sanofi-aventis, devenu leader français de l’industrie pharmaceutique. Malgré ces grandes manœuvres économico-stratégiques, l’industrie se porte encore bien. Selon l'enquête annuelle menée par le Leem auprès de ses adhérents, les effectifs de l’industrie pharmaceutique n’ont cessé de croître en France depuis 1995, avec un rythme moyen annuel de + 1,9 %.
New deal
Si dans les années quatre-vingt-dix quelques blockbusters et un marché bien délimité assuraient le train de vie des laboratoires, l’offre s’est aujourd’hui diversifiée, les marchés aussi. La recherche se fait de moins en moins au sein des laboratoires qui se tournent vers les start-up de biotechnologie. Les coûts de développement des médicaments et leur délai de commercialisation ayant beaucoup augmenté, la plupart des industriels aujourd’hui ne veulent pas investir dans les molécules nouvelles, ce qui nourrit quelques suspicions médiatiques sur l’art et la manière d’affronter les difficultés. La revue Que Choisir, dans son édition d’avril 2010, stigmatise ainsi l’industrie du médicament : « Ce n’est un secret pour personne. L’industrie pharmaceutique utilise tous les relais possibles pour vendre ses médicaments, de moins en moins innovants, mais de plus en plus chers. » Si les laboratoires peinent à innover, ils savent s’adapter et se tournent vers de nouveaux marchés comme l’automédication ou encore les compléments alimentaires. En donnant la possibilité au pharmacien d’officine de devenir référent pour les patients, la loi HPST et son auteure, Roselyne Bachelot, ancienne salariée de l’industrie… donnent un coup de pouce aux laboratoires. Et si le marché de l’industrie pharmaceutique est de plus en plus contraint et régulé, il ne peut que prospérer. Le vieillissement de la population et la chronicisation des maladies vont créer de nouveaux besoins.
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