Même si son héroïne est une prostituée, on ne peut pas reprocher à Patrice Leconte de raccoler les spectateurs avec des sujets dans l'air du temps. Après les grands succès que furent « les Bronzés » ou « les Spécialistes », dans les années quatre-vingt, il a poursuivi un chemin personnel, avec des films au parfum particulier, parfois à la limite du malaise, de « Monsieur Hire » à « Félix et Lola ».
Pour « Rue des plaisirs », Leconte a retrouvé le scénariste des « Grands Ducs » et de « la Fille sur le pont », Serge Frydman. Celui-ci a écrit seul, contrairement aux films précédents, cette improbable histoire qui se passe à la Libération, au moment où Marthe Richard obtient la fermeture des bordels. L'histoire d'un « Cyrano chez les putes », comme dit Leconte : Petit Louis est né ( « un accident du travail ») et a grandi dans une maison close, le Palais Oriental, et tombe amoureux d'une étoile - une jeune prostituée, bien sûr -, dont il veut faire le bonheur, fût-ce avec un autre.
Au diable le réalisme ! Patrice Leconte n'est pas là pour témoigner, reconstituer ou dénoncer. Dans son bordel, les filles ont le cur sur la main et on peut rêver au grand amour et même le trouver. Le conte de fées n'est pas tout rose mais reste un conte. Et si les clichés ne sont pas loin - la pute et le mauvais garçon -, cela contribue à l'atmosphère.
On peut ne pas être séduit, passer à côté de ce récit démodé, ou plutôt loin des modes, et ne pas entrer dans cet univers artificiel. On peut s'agacer, malgré le talent de Patrick Timsit, de ce personnage de grand enfant trop gentil. On peut trouver que Laetitia Casta, malgré des charmes incontestables, semble parfois peu convaincue par son rôle et même, disons-le, empotée dans ses costumes de fille de joie et de chanteuse. Reste la petite musique d'un réalisateur qui sait toujours surprendre et toucher, quelle que soit l'histoire racontée.
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