Le Généraliste : Depuis hier, Toulouse accueille le 9e congrès du CNGE. Qui participe à cet événement ?
Pr Stéphane Oustric. Au cours de ces deux jours, on devrait accueillir plus de 500 participants, soit 20% de plus que lors du congrès de l’an passé à Angers. On y trouve bien sûr tout le panel des enseignants de médecine générale : professeurs, maîtres de conférence, enseignants cliniciens ambulatoires (ex maîtres de stage, NDLR), mais aussi beaucoup d’internes et des chefs de cliniques en médecine générale, ainsi qu’un nombre non négligeable de confrères tout simplement curieux de ce qui se passe pour la médecine générale à l’université. Un des éléments forts de ce congrès sera bien sûr la présence des premiers professeurs titulaires en médecine générale qui viennent d’être nommés.
Le Généraliste : Avec les récentes nominations de 10 titulaires et 27 nouveaux enseignants associés, peut-on dire que la filière de médecine générale est en place et qu’il y a les moyens suffisants ?
Pr S. O. OUI la filière est en place, mais NON les moyens ne sont pas suffisants. Aujourd’hui, il y a 6 professeurs titulaires en province et 4 à Paris. Il en faudrait un par Faculté, soit plus d’une trentaine. 38 candidatures avaient été cooptées par la Commission Nationale d’intégration. Il faut que rapidement ils aient un poste. Mais attention : Pas en « volant » des places aux autres spécialités. Des créations de postes sont nécessaires. En outre, chaque UFR devrait avoir 7 à 8 postes d’enseignants associés, ce qui renvoie à un chiffre global minimal d’environ 300 postes, soit le double de ce qui existe actuellement. Enfin, il serait logique que tous les ans un poste de chef de clinique en médecine générale soit créé dans chaque région pendant quatre ou cinq ans. On ne peut pas exiger que les généralistes assument de plus en plus de tâches, sans donner les moyens de les former. Enfin, le nombre de maîtres de stage n’est pas suffisant : songez que Toulouse est l’une des rares facultés à pouvoir organiser un stage de second cycle pour tous ses étudiants…
Le Généraliste : Vous êtes l’un des dix premiers professeurs titulaires. Qu’est-ce que ce nouveau statut change concrètement pour vous ?
Pr. S.O. : D’abord cela a une incidence en termes de présence à la fac. J’y étais 3 ½ journées à y effectuer, et je vais y passer 5 à 6 ½ journées, ce qui double ma présence dans le Département de médecine générale. Et puis comme mes neuf autres confrères titularisés, je me sens désormais d’égal à égal avec les professeurs des autres spécialités : c’est vrai dans la gestion de mon département, vrai aussi quant au fonctionnement de notre université, par exemple pour la mise en place de la réforme LMD. Enfin, ce nouveau statut m’offre des perspectives intéressantes pour développer une recherche universitaire de qualité en soins primaires autour d’équipes INSERM ou CNRS renommées.
Le Généraliste : Ce congrès 2009 est placé sous le thème « Exercer et enseigner la médecine générale ». De ce point de vue, quel sera le point fort du programme ?
Pr S.O. : S’il n’y en avait qu’un à retenir, ce serait la publication des éléments définitifs du référentiel métier en médecine générale. Ebauché au Congrès de Nice en juin dernier, il sera présenté en petits ateliers et en séance plénière. Alors que, depuis la réforme Bachelot, la loi définit pour la première fois les principales missions du médecin généraliste, il s’agit en fait que la profession se retrouve et dise quelles compétences un professionnel de premier recours en ambulatoire doit pouvoir décliner. Le but étant de mettre en évidence les spécificités de notre spécialité : concernant la prévention en cancérologie par exemple, la démarche ne sera naturellement pas la même si elle menée par un généraliste ou à l’initiative d’un centre anti-cancéreux. Désormais, il y a donc un référentiel métier sur lequel on a des éléments opposables. Ce travail coordonné par Pierre-Louis Druais préfigure le travail de recommandations qui va être fait par le futur collège de médecine générale dans lequel, syndicats, universitaires, fédérations de FMC doivent se regrouper sous l’égide de la HAS. Mais avant, il faut que les enseignants s’en emparent et rapidement répercutent ce travail sur la formation des étudiants. En résumé, ce congrès de Toulouse devrait être passionnant, parce qu’il intervient au moment où il y a une spécialité reconnue, une vraie filière de médecine générale, avec un référentiel métier définissant des compétences authentiques au service du patient.
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