Douleurs diffuses, fatigabilité aux efforts répétitifs, points de pression douloureux, colopathie fonctionnelle fréquente, troubles du sommeil.... Les symptômes de la fibromyalgie ont longtemps été confondus avec des maladies psychosomatiques, notamment en France. « Et pourtant, explique le Pr Marcel-Francis Kahn, les hypothèses actuelles de plus en plus plausibles plaident en faveur d'un trouble de la gestion de la douleur, de la transmission, de la perception et de l'intégration de la douleur. Les patientes sont souvent très invalidées, notamment dans le cadre d'efforts répétitifs (secrétaires, travail sur écran...). Mais, comme pour toutes les pathologies fonctionnelles, la fibromyalgie pose un véritable problème en raison de l'absence de signes radiologiques, biologiques ou génétiques. »
Une maladie à part entière
Si la fibromyalgie fut longtemps considérée comme l'apanage des femmes « douillettes et à problèmes », elle est actuellement sortie du cadre psychosomatique où elle était cantonnée. Elle est reconnue par l'OMS comme une maladie à part entière, elle a sa place dans les grandes classifications médicales et elle fait l'objet de nombreux travaux de recherche.
« Le diagnostic repose essentiellement sur l'interrogatoire et l'examen clinique avec ses éléments positifs et négatifs, remarque le Pr F-M. Kahn ; le recueil des éléments négatifs n'est pas toujours simple à apprécier chez une patiente qui souffre, entraînant parfois des explorations lourdes et coûteuses, des décisions diagnostiques et thérapeutiques, avec notamment des traitements chirurgicaux agressifs. »
Par ailleurs se pose le problème du diagnostic différentiel, avec des manifestations voisines comme le syndrome de Gougerot-Sjören (souvent associé), toutes les pathologies thyroïdiennes, les diabètes phosphorés, la prise de médicaments, notamment les hypocholestérolémiants et les fluoroquinolones qui peuvent entraîner des tendinites avec des tableaux proches de la fibromyalgie.
La reconnaissance de la fibromyalgie, un élément important du traitement
Un autre problème chez les patientes fibromyalgiques est lié aux interactions psychiques et au manque de reconnaissance de cette maladie. Ces femmes qui ont mal partout et sont souvent déprimées ne sont pas reconnues par leur entourage, par la Sécurité sociale ou par l'employeur. Il s'ensuit une dépression secondaire avec installation d'un cercle vicieux qui aggrave la situation, alors que la reconnaissance de la maladie améliore le problème.
En conséquence, insiste le Pr M.-F. Kahn, « le premier traitement de la fibromyalgie est le dialogue avec le patient en vue d'une reconnaissance des plaintes, de la pathologie. Les antalgiques, corticoïdes ou AINS sont inutiles car inefficaces sur la fibromyalgie. Le seul traitement validé par des travaux concordants est l'amitriptyline à petites doses associé aux thérapeutiques physiques : massages, balnéothérapie chaude et réadaptation très douce et progressive à l'effort musculaire afin d'engrainer la libération d'endorphines ».
D'après un entretien avec le Pr Marcel-Francis Kahn, ancien chef du service de rhumatologie, hôpital Bichat, Paris
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