La fertilité masculine déterminée in utero

Publié le 09/07/2013
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Crédit photo : PHANIE

Les facteurs environnementaux et le tabagisme ne suffisent pas expliquer à eux seuls le déclin de la qualité du sperme. Une étude de cohorte australienne chez 2 900 femmes enceintes (en 1989-1991) suggère que des facteurs in utero influencent la fonction testiculaire future du petit garçon au terme d’un suivi de 20 ans. Chez les 423 descendants masculins suivis jusque l’âge de 20-22 ans, l’équipe du Pr Roger Hart de l’université d’Australie occidentale a trouvé une corrélation positive entre les paramètres de croissance fœtale et du nouveau-né et la fonction reproductive à l’âge adulte.

Une fertilité altérée chez 1 homme sur 6

La fonction reproductive à l’âge adulte était mesurée sur 3 paramètres : le volume testiculaire, la qualité du sperme et la production hormonale. Près de 1 homme sur 6 présentait des anomalies reproductives selon les critères de l’OMS. À savoir un chiffre inférieur au seuil de 1,5 ml pour le volume séminal (14,8%) ; un chiffre inférieur au seuil des 39 millions de spermatozoïdes pour le sperme total (18,9 %) ; un chiffre inférieur au seuil des 15 millions de spermatozoïdes/ml (17,5 %) ; un chiffre inférieur au seuil de 32 % de mobilité (14,4 %). De plus, un quart des sujets (26,4 %) présentaient des spermatozoïdes avec anomalies de morphologie.

In utero la croissance et le tabac maternel

Les chercheurs australiens ont observé qu’une petite taille fœtale était associée avec un risque plus grand d’anomalies de la fertilité, et ce très précocement. À l’inverse, une bonne croissance intra-utérine était moins à risque d’avoir une faible production de sperme. L’exposition au tabagisme maternel (18,6 % des hommes) était associée à une plus faible production de sperme, tandis qu’un volume testiculaire augmenté était corrélé à une bonne croissance staturo-pondérale au cours de l’enfance.

Bien grandir jusqu’à l’adolescence

Pour le Pr Hart, les facteurs précoces identifiés par l’étude se rajoutent à ceux déjà connus tels que le tabagisme et l’alcoolisme à l’âge adulte. « Pour la meilleure fonction testiculaire possible, il faudrait éviter l’exposition au tabagisme maternel, avoir une bonne croissance fœtale, tout au long de l’enfance et jusqu’à l’adolescence, ni en sous- ni en surpoids. Une fois adulte, éviter le tabac et l’alcool. » Quant à la question des perturbateurs endocriniens pour expliquer la baisse de fertilité masculine, le Pr Hart annonce qu’il projette de lancer une étude sur le rôle de l’exposition à certains composés chimiques en cours de grossesse.

Présenté le 8 juillet 2013 à Londres au congrès annuel de l’EHSRE (European Society of Human Reproduction and Embryology)

 Dr IRÈNE DROGOU

Source : lequotidiendumedecin.fr