Après un an
Quinze pour cent des Français sont concernés par l’infécondité après un an de rapports réguliers. Plus de la moitié des indications de l’assistance médicale à la procréation médicalement assistée (AMP) sont d’origine masculine alors que l’AMP était, dans les années soixante-dix, essentiellement indiquée dans le traitement de l’infertilité féminine d’origine tubaire). 2,5 % des enfants nés en France sont le fruit d’une technique d’AMP. Or un certain nombre de stimulations ovariennes pourraient être évitées et les résultats d’une éventuelle AMP optimisés.
Polluants
Les organes de la reproduction sont affectés in utero par différents polluants (insecticides, dioxines, PCB, bisphénol A ou pesticides) qui se comportent comme des perturbateurs endocriniens, aux effets transgénérationnels. Des études toujours plus nombreuses le confirment. À la clé, des malformations urogénitales (micropénis, hypospadias, scrotum bifide, etc.).
En période postnatale et pubertaire, les polluants chimiques, mais aussi la consommation précoce d’alcool et de tabac, la qualité de l’alimentation, les variations importantes de poids (troubles des conduites alimentaires aidant), le stress ou les médicaments compromettent la fertilité.
Toxiques
Certains de ces toxiques, auxquels certaines professions exposent, comme les éthers glycols, sont également présents dans des produits cosmétiques et d’entretien. De plus, de nombreux médicaments peuvent altérer la fécondité d’un couple : antihypertenseurs, anabolisants, antibiotiques, colchicine, produits contre la chute des cheveux etc.
Autres facteurs gonadotoxiques, l’âge relativement avancé du père et/ou de la mère, les facteurs toxiques de l’environnement encore (l’eau est une bonne source de contaminants, hormones stéroïdiennes en particulier), le stress oxydatif, l’alimentation, les troubles du sommeil sans oublier bien sûr le tabac. Ses conséquences sur la fertilité ont été parfaitement répertoriées : délai de conception de plus d’un an, dose-dépendant avec la durée d’exposition, diminution de la réserve ovarienne, cycles courts et irréguliers. Par ailleurs, les chances en AMP sont réduites de plus de 40 % et le taux d’échec des ICSI triplé. Et si fécondation il y a, l’exposition maternelle au tabac n’est pas sans inconvénient pour le fœtus masculin : augmentation du risque de cryptorchidie bilatérale, diminution du nombre et anomalies des spermatozoïdes à l’âge adulte. Le cannabis et l’alcool (au-delà de 3 verres par jour semble-t-il, 2 pour la femme) ont également fait la preuve de leurs effets délétères sur la fécondité.
Lister et proposer
Pour améliorer les chances de fertilité naturelle et s’il le faut les résultats d’AMP, il convient de dresser la liste des facteurs toxiques du couple : IMC, tabac (en tête des contaminants), alcool, cannabis, médicaments, café, antécédents familiaux, stress au travail, habitudes alimentaires, sport, sommeil, fréquence des rapports sexuels, etc. Puis de proposer des solutions, avec des objectifs et des rapports d’étape, pour chacun des facteurs altérant la fécondité. Le jeu en vaut la chandelle comme en témoignent les résultats de la consultation de fertilité mise en place au Centre Eylau-Muette : au moins 25 % de grossesses spontanées ont été obtenues en deux ans ; le taux de grossesse évolutive a cru après prise en compte des facteurs liés à la qualité de vie, le taux de fausses couches spontanées diminuant de 20 à 12 %. Par ailleurs, le nombre de stimulations ovariennes a chuté et si elles restaient nécessaires, ont été davantage couronnées de succès.
D’après la communication de Silvia Alvarez, Centre d’Assistance Médicale à la Procréation Eylau-Muette (Paris). Entretiens de Bichat. Paris
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