LES PROBLEMES DE COUT de revient et de concurrence auxquels est confronté le secteur du transport routier ne sont pas du tout négligeables. De nombreux emplois sont menacés dont le gouvernement ne saurait accepter la disparition. Il a fait quelques gestes en direction des routiers, que ceux-ci jugent insuffisants. Leur mouvement en direction de Paris n'enlève rien à la gravité de leurs tracas. Mais il soulève, une fois de plus, la question des abus de pouvoir commis à la faveur d'une grève ou d'une démonstration.
Fin du laxisme.
Gilles de Robien, dont la fermeté est surprenante (tant les gouvernements se montrent habituellement laxistes en matière de grève), n'a pas manqué de courage : il a menacé de retirer leurs permis de conduire aux routiers et, dans plusieurs cas, les gendarmes ont arrêté net les camions.
Ce qui est en cause, ce ne sont pas les difficultés auxquelles les routiers sont exposées. C'est qu'ils ont recours, une fois de plus, à cette belle tradition française en vertu de laquelle on empoisonne la vie des autres lorsqu'on est mécontent. C'est ce qu'on pourrait appeler la solidarité forcée : j'ai des revendications à exprimer et au lieu de prendre mes concitoyens à témoin, je leur fais subir, à eux et non aux pouvoirs publics, les conséquences de ma colère. Je force les autres, en quelque sorte, à participer à ma grève.
LE DROIT DE BLOCUS DES VILLES N'EXISTE DANS AUCUN TEXTE
Le droit de grève est constitutionnel, donc inaliénable, mais le droit d'empêcher les autres de vaquer à leurs affaires n'existe dans aucune loi. Lors du plus récent mouvement d'EDF, à propos de la privatisation partielle de l'entreprise, les grévistes ont démonté des compteurs d'entreprises et de particuliers et arrêté des trains. La majorité parlementaire a adopté la privatisation ; et tout ce à quoi les agents EDF sont parvenus, c'est un chaos provisoire qui n'a changé en rien le cours des événements.
Récemment encore, le gouvernement a entamé avec les syndicats une négociation sur l'application du service minimum. Comme le service minimum est en contradiction avec le droit de grève, un accord a été conclu sur la promesse de toutes les parties de négocier avant de passer à la grève, comme cela se fait en Allemagne.
Il était temps. Il y a un siècle, la grève était considérée comme un dernier recours ; aujourd'hui, elle traduit le premier réflexe de colère. On fait même des minigrèves, dans des minilocalités où, par exemple, un contrôleur a été agressé ou un chauffeur de bus insulté. Gilles de Robien, traité de « voyou » (pas moins) par un dirigeant syndical des routiers, ne fait rien d'autre que d'appliquer les règlements en vigueur : il n'est pas licite de bloquer une ville parce que le prix de l'essence augmente. Le voyou n'est pas celui qu'ils désignent.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature