« Combien tu m'aimes », de Bertrand Blier

La femme et les pantins

Publié le 01/11/2005

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« AU CINÉMA, le choix des acteurs est plus important que le scénario, qui est une formalité quand on a des acteurs comme Monica Bellucci et Bernard Campan » : Bertrand Blier tend les verges pour se faire battre, car son scénario ne semble effectivement pas l'avoir intéressé plus que cela. Ce qui l'a passionné c'est de confronter « un garçon qui a un physique d'une quintessence de Français » à « une femme sublime ». Et surtout de filmer cette femme sublime.
C'est en voyant « Irréversible », de Gaspard Noé, qu'il a eu le choc, face « à la présence exceptionnelle de Monica ». Et il s'est dit : « C'est pour ça que je fais du cinéma. » Alors, il en profite, de la présence de Monica Bellucci. Il lui fait tout faire, jouer les putes, cuisiner des spaghettis, s'habiller comme Sofia Loren dans « Une journée particulière », montrer ses seins, beaucoup, jouer à simuler l'orgasme... et proférer des phrases définitives qui n'ont pas toujours beaucoup de sens. Tout cela, il faut le préciser, elle le fait très bien.
Face à elle, les hommes sont des marionnettes. Si on était dans un dessin animé, on verrait leurs yeux sortir de leur orbite. Bernard Campan, personnage « un petit peu houellebecquisé », hommage ironique à la vedette du début de septembre, manque succomber à son contact, ce que fera un peu plus tard le médecin dépressif et peu vraisemblable joué par Jean-Pierre Darroussin.
Mais rien n'est grave. Bertrand Blier, qui fait une courte apparition dans le film, à la Hitchcock, a peut-être de grandes idées sur les femmes (du genre : toutes des putes qui rêvent d'être au service d'un homme) mais il est plus à l'aise dans la dérision et l'humour noir (le personnage de Depardieu dans ses meilleurs moments peut rappeler « Buffet froid ») que dans l'analyse philosophico-psychologique.
Il vaut donc mieux ne pas le prendre au sérieux si l'on veut apprécier cette nième variation sur la femme et les pantins.