LE DÉPARTEMENT de la Seine-Maritime, et particulièrement la zone de Dieppe, connaît depuis 2003 une situation d'hyperendémicité des infections invasives à méningocoque due à la présence d'une souche virulente de méningocoque appelée B:14:P1-7,16. Les autorités ont dû recourir au seul vaccin disponible, le MenBVac fabriqué en Norvège, et ont lancé en juin 2006 une campagne de vaccination par phases successives de tous les enfants et adolescents de 1 à 19 ans. Différentes études ont été lancées afin de vérifier le bien-fondé de la mesure. L'étude du portage du méningocoque B14 a été réalisée par le CHU-hôpitaux de Rouen en partenariat avec le centre hospitalier de Dieppe, l'Institut Pasteur et les autorités sanitaires entre le 7 janvier et le 29 mars derniers.
L'objectif était d'évaluer la fréquence du portage de la souche virulente dans la population de la zone, notamment chez les jeunes (de 1 à 25 ans), plus souvent touchés par la maladie, et de déterminer les facteurs liés au mode de vie ou à l'état de santé qui pouvaient favoriser le portage.
Forte mobilisation.
Les premiers résultats sont «en faveur d'une faible circulation de la souche B:14:P1-7,16 et donc d'une faible immunité de la population vis-à-vis de cette souche», affirme le CHU-hôpitaux de Rouen. D'où «l'importance de renforcer cette immunité par la vaccination par MenBVac actuellement mise en oeuvre sur la zone de Dieppe», conclut-il. L'étude a bénéficié d'une forte mobilisation, avec un taux de participation de 40 % (3 522 sur les 8 600 personnes tirées au sort). Les participants, dont la très grande majorité (88 %) n'avaient pas reçu le vaccin, ont dû répondre à un questionnaire et bénéficié d'un prélèvement de gorge par écouvillon. Seulement 196 d'entre eux portaient, toutes souches confondues, un méningocoque, soit un taux de portage de 6,4 %. Les jeunes adultes étaient plus souvent porteurs que les petits : 11,7 % des 20-25 ans contre 0,8 % des 1-5 ans. La moitié des méningocoques n'étaient pas virulents (aucun risque de maladie). L'autre moitié se répartissait en ménin- gocoque B (44 personnes), C (15 personnes) et d'autres variétés plus rares. Parmi les méningocoques C, 10 étaient de formule C:NT:P1-2,5, une souche actuellement très fréquente en France et qui fait l'objet d'un suivi renforcé sur l'ensemble du territoire. Quant au méningocoque B :14:P1-7,16, ils n'étaient que cinq à en être porteurs sur les 3 522 participants, soit environ 2 sujets pour 1 000. Tous étaient âgés de 20 ans ou plus et n'avaient pas de lien avec des personnes ayant développé la maladie. Aucun n'avait reçu le vaccin MenBVac. L'analyse des données se poursuit.
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