M AUVAISE surprise pour les étudiants en médecine de la faculté du Kremlin-Bicêtre, dans le Val-de-Marne : ils ont subitement appris que leur établissement serait fermé et qu'ils n'y auraient plus accès durant un certain temps.
A l'origine de cette décision, le maire de la ville, Jean-Luc Laurent (Mouvement des citoyens), qui, s'appuyant sur un avis de la commission départementale de sécurité, a mis en demeure les responsables de l'établissement, et notamment le doyen, le Pr Bernard Charpentier, de fermer aussitôt la faculté aux 2 200 étudiants qui la fréquentent quotidiennement.
La période est d'autant plus mal choisie que cette fermeture va perturber l'ensemble des examens, du PCEM 2 au CSCT (certificat de synthèse clinique et thérapeutique qui clôt le deuxième cycle) qui devaient se dérouler dans l'établissement ; elle va également compliquer la tâche des étudiants qui se préparent au concours national de l'internat. « La situation actuelle, déplore le doyen, risque de ne pas permettre aux étudiants de bénéficier de l'égalité des chances devant examens et concours, si l'établissement reste fermé, puisque le déroulement normal des cours sera perturbé, et l'accès à la bibliothèque, impossible.» Le doyen est d'autant plus contrarié par cette affaire que l'université Paris-Sud a alerté depuis de nombreux mois, dit-il, le ministère de l'Education nationale sur l'insuffisance des crédits accordés à la sécurité des bâtiments. Ces crédits font défaut aujourd'hui, puisque la commission de sécurité départementale, le 24 avril, a émis un avis défavorable sur deux points essentiels : la sécurité incendie elle-même et l'accès des véhicules de sécurité incendie à l'établissement.
En juillet 2000, un fontis (c'est-à-dire l'effondrement d'une galerie souterraine) s'était déjà produit sur le terrain de la faculté, empêchant l'accès des véhicules de secours. A cet occasion, on s'est aperçu que c'était la faculté elle-même qui était construite sur des galeries souterraines, ce qui la rend dangereuse. D'où la décision de combler les galeries. L'université Paris-Sud, dont dépend la faculté du Kremlin-Bicêtre, a décidé alors de consacrer la totalité de ses crédits à la sécurité, c'est-à-dire 5,5 millions de francs.
Mais les procédures de marché, notamment les appels d'offres, ont retardé le démarrage des travaux, tant et si bien que la sécurité n'est pas encore assurée et que les véhicules de sécurité incendie n'ont toujours pas accès au bâtiment. Le doyen demande aux pouvoirs publics de débloquer de nouveaux fonds et d'accélérer les travaux pour accroître la sécurité des étudiants et des enseignants. Aux travaux destinés à combler les galeries souterraines s'ajoutent des travaux pour la sécurité incendie (doublage des portes coupe-feu et des alarmes), dont le coût est évalué à 3,2 millions. En tout, le montant se chiffrerait, selon le doyen, à plus de dix millions.
Accueil dans des hôpitaux
En attendant, des mesures provisoires devraient permettre aux étudiants de retrouver leurs cours et leurs études. Ils pourraient être reçus dans d'autres établissements universitaires de Paris-XI et à la faculté de pharmacie de Chatenay-Malabry. Des salles de plusieurs hôpitaux (Paul-Brousse, Gustave-Roussy, Béclère et Bicêtre) pourraient également être aménagées pour les accueillir. Mais cette solution ne peut être que provisoire. Aussi le Pr Charpentier demande-t-il instamment que les travaux pour le comblement des galeries soient accélérés et que, en attendant, on permette à des pompiers de s'installer à chaque étage de la faculté pour assurer la sécurité incendie. Une revendication semblable des étudiants, regroupés au sein de la Corporation des karabins de Bicêtre (CKB) qui, avec l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), demande « que tout soit mis en œuvre pour que les travaux soient menés à bien dans les plus brefs délais » et que, en attendant, « l'intégralité des cours se déroulent à proximité du CHU Bicêtre ».
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