DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE
«EN 2050, 40% des Européens auront plus de 65ans. Ce qui signifie qu’ils vont avoir de plus en plus besoin de diagnostics et de traitements.» Conséquence de ce vieillissement de la population, la dépense publique risque d’atteindre en 2050 dans les pays de l’Ocde jusqu’à 13 % du PIB. Pour Viviane Reding, commissaire européen pour la société de l’information, c’est un défi que l’Europe ne pourra pas relever sans le secours des technologies de l’information qui doivent permettre d’accroître la qualité des soins tout en réduisant les coûts.
C’est pourquoi, après une première conférence e-santé en 2003, la Commission européenne a décidé d’aller au-delà du soutien à la recherche dans ce domaine* et a fait adopter en 2004 un plan d’action pour la santé en ligne avec l’objectif de créer les conditions favorables à son développement, de lancer des opérations pilotes et de partager les bonnes pratiques.
Qu’attend-on concrètement de la e-santé ?
– Une aide à la gestion d’un savoir médical exponentiel. L’Europe ne peut être absente d’un Web médical dominé par Medline. Parmi les réussites, on peut citer la Cochrane Library britannique et le site français (mais multilingue) Orphanet sur les maladies rares (20 000 visites par jour).
– Une diminution des erreurs de prescription grâce à l’élimination du papier et à la sécurisation. Les chiffres concernant les accidents iatrogènes sont impressionnants : selon le ministère allemand de la Santé, les erreurs de prescription font 5 000 morts par an et l’Union européenne a calculé que 10 % des hospitalisations pourraient être évités en sécurisant la prescription.
– Le suivi des malades chroniques avec des systèmes de surveillance et d’alerte automatisés. Là encore des exemples américains évoquent des économies de l’ordre de 75 % sur le nombre d’hospitalisations de patients cardiaques.
Brossant un premier bilan du système Dirraya avec un dossier de santé communicant et une prescription électronique, la ministre de la Santé d’Andalousie, Maria Jesus Montero, a d’ailleurs montré que l’économie réalisée était déjà de 60 millions d’euros pour autant d’investissement.
L’autre bénéfice attendu se situe au niveau des industriels. C’est le défi de l’interopérabilité des systèmes qui permet d’avoir un effet d’échelle sur les coûts. Elle offrirait aussi aux citoyens et aux professionnels de santé européens la possibilité de passer plus facilement d’un système de santé à l’autre lorsqu’ils se déplacent en Europe.
Peu de projets aboutis.
Pour le moment, l’adoption de normes communes avance peu. Mais un processus de certification est en marche.
Si la commission a dévoilé son portail sur l’information santé en Europe (en anglais et en 23 langues prochainement), le voyageur malade n’a pas pour autant, sur le terrain, l’impression de bénéficier d’une Europe de la santé. On est loin du dossier santé communicant dans toute l’Europe... Le plus avancé, c’est Netcards, le projet d’une carte à puce lisible dans tous les pays d’Europe. Cela marche déjà entre la carte Vitale, la e-card autrichienne et quelques autres.
Ainsi, si je suis malade à Vienne, pour peu qu’il soit équipé d’un lecteur de carte, le professionnel de santé ou l’hôpital qui me reçoit peut récupérer toutes les données administratives de ma carte Vitale pour remplir automatiquement le formulaire E111. Depuis juin 2004, il existe une carte européenne que l’on peut se procurer dans les caisses primaires. Mais ce n’est en fait qu’un support visuel qu’il faudra scanner pour récupérer ses données. La puce ou la piste magnétique ne seront effectives qu’en 2008.
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