Si la découverte de chercheurs américains de Houston se confirme, la prise en charge des enfants atteints de dyslexie pourrait s'en trouver modifiée. Joshua I. Breier et coll. suggèrent, imagerie à l'appui, que le trouble de base n'est pas lié à la lecture, mais à un processus cérébral pathologique d'intégration des sons. Une hypothèse déjà suspectée par les spécialistes de la lecture.
Les psychologues texans ont eu recours à la magnétoencéphalographie (MEG) pour aboutir à leurs résultats. Cette technique, non invasive, fournit une imagerie fonctionnelle à haute résolution des activités cérébrales. Elle a permis, ici, de s'intéresser précisément aux aires cérébrales considérées comme impliquées dans le traitement de la parole. Zones différentes de celles responsables d'autres aspects du langage, tels que la mémoire ou la compréhension.
Douze enfants, de 12 ans, atteints de dyslexie et 11 témoins ont été soumis à cet examen, tout en réalisant une tâche simple de perception du langage. Il s'agissait de reconnaître, à l'écoute, des couples de syllabes comme « ga » et « ka ». Pendant l'exercice, la MEG enregistrait l'activité des zones temporo-pariétales droite et gauche. L'exercice réalisé, de type processus phonologique, est indispensable à l'acquisition de la lecture.
L'aire temporo-pariétale droite
Alors qu'ils essayaient de distinguer les divers sons, le cerveau des enfants témoins a montré une activité relative de l'aire de la parole temporo-pariétale gauche. L'enregistrement est tout autre chez les enfants dyslexiques. Après un court délai, l'imagerie met en évidence un pic d'activité relative de la même aire cérébrale, mais du côté droit. Zone dont la fonction est méconnue. Plus les performances de l'enfant dans le processus phonologique étaient faibles, plus ce secteur « s'allumait ».
Pour les chercheurs, les enfants atteints de dyslexie souffrent peut-être d'un manque de prédominance du cortex associatif auditif gauche. Mais surtout, l'imagerie récuse les notions selon lesquelles l'enfant dyslexique, outre qu'il peut se sentir stupide et connaître des difficultés scolaires, serait atteint de déficience visuelle ou aurait une intelligence inférieure. D'ailleurs, les chercheurs précisent que le déficit fonctionnel est limité à une aire cérébrale restreinte. Il peut survenir chez des enfants aux fonctions intellectuelles d'un bon niveau.
Les auteurs pensent que leur recherche peut contribuer à l'identification d'un marqueur central du déficit qui rend difficile, pour les dyslexiques, le traitement de sons similaires, mais différents à la fois dans les formes parlées et écrites.
« Neuropsychology »» vol. 17, n° 4, octobre 2003.
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