Antiquités
C'est en 1700 que Louise Bénédicte prend possession du château construit par Colbert quarante ans plus tôt, où elle fait régner une atmosphère bien différente du temps du sévère contrôleur des Finances.
Ses finances à elles seraient plutôt du genre incontrôlé, quand, au grand dam de son bâtard de mari et de son intendant, elle fait construire un pavillon de plaisance ou installer une ménagerie peuplée d'animaux aussi coûteux qu'exotiques, qui sont une des attractions de sa cour.
A Sceaux, on s'amuse autant que l'on s'ennuie à Versailles en cette fin du règne du Roi-Soleil. La petite princesse est insomniaque et fantasque et personne autour d'elle n'a le droit de dormir, et encore moins de s'ennuyer. On danse tous les soirs, on joue la comédie (Louise Bénédicte est une actrice douée), on joue aux dés et aux cartes et on goûte aux plaisirs de la conversation. Lourdauds s'abstenir ! A l'époque, on peut être mondain, fêtard et néanmoins érudit. Le duc et la duchesse se passionnent pour la philosophie, les mathématiques, l'astronomie, et reçoivent à leurs cours savants et beaux esprits comme Voltaire et Fontenelle.
La duchesse n'en perd pas pour autant son sens de l'humour et de la dérision. En 1703, elle crée par exemple l'ordre de la Mouche à miel, parodie des ordres et académies officiels, ouvert aux femmes et dont elle s'instaure « dictatrice perpétuelle » !
Faut-il compter au nombre de ses extravagances la conspiration de 1718 qui vise à renverser le Régent au profit du duc du Maine, fils légitimé de Louis XIV ? L'affaire fait long feu et se termine par l'embastillage du duc et de la duchesse, libérés un an plus tard après amende honorable, et rentrés dans leurs droits et leurs propriétés. Les fêtes reprennent à Sceaux, avec moins de faste qu'auparavant. A cette époque, la duchesse a déjà 44 ans, elle mourra 33 ans plus tard, à 77 ans, après son mari et sa fille.
Son inventaire après décès, très détaillé, permet de reconstituer avec précision le mobilier et la disposition du château, équipé même d'un appartement de bains et d'une chaise volante (ascenseur) à contrepoids. Le texte fait apparaître son goût pour l'exotisme, les cabinets de laque, les porcelaines de Chine. On y trouve aussi des instruments scientifiques, des clavecins, des tables à jeu, des commodes de laque et des consoles de bois doré. On ne possède toutefois que très peu de meubles ou d'objets lui ayant appartenu en toute certitude.
Cette exposition est donc plutôt une évocation, à partir de meubles et d'objets similaires, de la vie de château au temps de la Régence.
« Une journée à la cour de la Duchesse du Maine », Musée de l'Ile-de-France, château de Sceaux, 92330 Sceaux. Ouvert jusqu'au 12 janvier 2004, chaque jour sauf mardi, 10 h-17 h. Entrée : 3,30 euros.
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