De notre envoyée spéciale à MUnich
L'ÉTUDE ATHENA ( A placebo-controlled, double-blind, parallel arm Trial to assess the efficacy of dronedarone 400 mg bid for the prevention of cardiovascular Hospitalization or death from any cause in pati ENts with atrial fibrillation/ Atrial flutter) est un essai multicentrique, randomisé, mené en double aveugle contre placebo, évaluant l'intérêt de la dronédarone chez des patients atteints de fibrillation auriculaire (FA) en complément des traitements de fond conventionnels. Avec plus de 4 600 patients inclus, ATHENA est la plus grande étude jamais réalisée sur le traitement antiarythmique de la FA. Son objectif était de démontrer le bénéfice potentiel de la dronédarone par rapport au placebo, sur le critère d'évaluation principal composite, associant la mortalité toutes causes et les hospitalisations pour raisons cardio-vasculaires. Un critère d'évaluation secondaire était l'incidence des effets indésirables observés pendant le traitement.
Les patients inclus étaient âgés de plus de 75 ans ou de plus de 70 ans avec au moins un facteur de risque supplémentaire (HTA, diabète, antécédent d'AVC, taille de l'oreillette gauche supérieure à 50 mm ou fraction d'éjection ventriculaire gauche inférieure à 40 %) ; étaient exclus les patients avec une insuffisance cardiaque décompensée.
Les patients étaient randomisés et recevaient soit 400 mg de dronédarone deux fois par jour, soit un placebo ; la durée maximale du suivi a été de 30 mois.
Les premiers résultats de l'étude ATHENA ont été présentés en mai 2008 à San Francisco au cours des 29es Journées scientifiques annuelles de la Heart Rythm Society ; ils montraient une diminution de 24 % du risque d'hospitalisation d'origine cardio-vasculaire ou de décès (p = 0,00000002) ; l'objectif principal de l'étude étant donc atteint. Ainsi, pour la première fois en vingt ans de recherche pharmaceutique sur la FA, un médicament en développement a permis une réduction significative de 30 % (p = 0,03) du risque de décès cardio-vasculaire en complément des traitements conventionnels (bradycardisants et antithrombotiques). La dronédarone a également diminué de 45 % le risque de décès par arythmie (p = 0,01) et de 25 % le risque de première hospitalisation d'origine cardio-vasculaire (p = 0,000000009).
Le profil de tolérance a été estimé favorable. Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés (par rapport au placebo) étaient d'ordre digestif (26 % versus 22 %), cutané (10 % vs 8 %) et rénal (élévation de la créatiniménie par inhibition de la sécrétion tubulaire de la créatinine 4,7 % vs 1 %) ; le risque d'effet proarythmique était faible ; le nombre d'hospitalisations pour insuffisance cardiaque congestive n'était pas augmenté ; le taux d'arrêts de traitement prématurés était comparable dans les deux groupes.
L'analyse post-hoc des données, portant sur un critère d'évaluation secondaire non préspécifié, vient d'être présentée. Elle révèle que la dronédarone réduit de 34 % le risque d'AVC (p = 0,027). Cette réduction s'ajoute à l'effet du traitement conventionnel (anticoagulant et/ou antiagrégant plaquettaire) ; le bénéfice de Multaq par rapport au placebo est apparu tôt au cours de l'étude (dès 12 mois) et s'est maintenu jusqu'à son terme (30 mois). Or l'AVC est une complication fréquente de la FA ; celle-ci multiplie par cinq le risque d'AVC et elle est responsable de 15 à 20 % de l'ensemble des AVC ; et, en cas de FA, la probabilité que le patient reste grabataire après l'AVC est 2,2 fois plus élevée qu'en cas d'AVC de causes autres.
Rappelons que la FA est l'arythmie cardiaque la plus courante en pratique clinique. Elle touche 4,5 millions de personnes en Europe ; nombre qui devrait doubler dans les vingt prochaines années du fait du vieillissement de la population. Elle constitue un motif important d'hospitalisation et une cause majeure de mortalité. Multaq est le seul antiarythmique à avoir montré une réduction de la morbidité et de la mortalité chez les patients atteints de fibrillation auriculaire ou de flutter auriculaire avec un profil de tolérance favorable et un faible risque d'effet proarythmique et de toxicité organique extracardiaque.
La FDA (Food Drug Administration) vient d'accorder une revue prioritaire à Multaq (actuellement en phase III de développement) et un dossier d'enregistrement est également examiné par l'EMA (agence européenne des médicaments).
L'analyse post-hoc d'ATHENA a été présentée en hotline à l'ESC 2008 à Munich par Stuart J. Connolly (Mc Master University, Canada).
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