IL Y A À PEINE SIX MOIS, la gauche pouvait croire que la crise économique et sociale lui ouvrirait un boulevard en 2007. L’été a tout changé ; et si les socialistes critiquent plus sévèrement que jamais l’action gouvernementale, c’est parce qu’ils constatent, non sans un certain dépit, que la conjoncture se retourne en faveur du camp opposé.
Si la croissance s’accentue dans les mois qui viennent (ce qui n’est pas sûr), la majorité actuelle peut craindre la réapparition de ses divisions, car de bons indicateurs économiques favoriseront la candidature de Villepin et une nouvelle bataille de chefs. En même temps, la droite ne peut gagner en 2007 que si la confiance de l’opinion remonte.
Responsabilité.
Comme à gauche, la sagesse devrait dicter leur conduite aux ambitieux : pour l’emporter, il faut rassembler, pas diviser. On a noté, par exemple, que la popularité de Ségolène Royal s’effrite un peu, sans que le phénomène ne profite à Lionel Jospin ni aux autres candidats socialistes. Il est donc plus facile de faire reculer le candidat le plus populaire que de faire la course en tête. Cela vaut pour Jospin, mais aussi pour Villepin. L’un et l’autre ont, avec d’autres, une responsabilité : leur ambition personnelle peut pousser leur camp vers la défaite.
L'APAISEMENT DE LA CRISE SUSCITE DES AMBITIONS
Nicolas Sarkozy est populaire, il n’est pas parfait ; il a clairement besoin de réfléchir davantage, sur l’immigration par exemple, et de prendre son temps avant de décider, comme pour l’évacuation du squat de Cachan. A plusieurs reprises, sa mobilité incessante et sa fièvre l’ont conduit à adopter des mesures propres à démontrer son courage ou sa fermeté, à bousculer la bureaucratie ou les préjugés, mais pas nécessairement à résoudre le problème au fond. Cependant, dans l’ensemble, sa détermination, son goût du concret, la rapidité de son action, son désir de trouver des traitements durables aux maux multiples et profonds de la société française ne sont pas contestables.
Parmi les erreurs qui lui ont été reprochées et qu’il n’a pas commises, il y a le mot rupture : le déficit de réformes, économique, sociale, institutionnelle, en France est assez vaste pour que l’on cesse de le combler par des réformettes ; on ne voit pas ce qu’il peut y avoir de choquant dans un changement en profondeur quand les difficultés sociales deviennent accablantes. Un bon candidat n’est pas celui qui nous promet des lendemains qui chantent, mais celui qui nous propose des sacrifices.
Le pays n’est pas en déclin, il passe un moment difficile ; et il doit se redresser. Qu’on le veuille ou non, les deux candidats les plus populaires, Sarkozy et Royal, tiennent un langage sérieux et franc ; ils ne cherchent ni l’un ni l’autre à faire croire qu’il existe une voie confortable vers le retour aux équilibres fondamentaux. Et, justement, si certaines de leurs propositions peuvent choquer, c’est parce qu’ils veulent tous les deux échapper à la gestion traditionnelle fondée sur les compromis qui privent les remèdes de leur efficacité. Ce qui les différencie, ce n’est pas l’analyse de la crise, c’est la méthode pour la surmonter.
Soixante millions de Français n’auront pas un président qui leur convient à cent pour cent. Ils voteront pour celui qui, pour n’avoir pas ignoré les problèmes, les dirigera fermement vers un ensemble de solutions. C’est de cette manière qu’il faut jauger Nicolas Sarkozy. Il se trompera parfois, mais son pragmatisme lucide devrait mettre de l’ordre dans une société tenue et agitée.
Certes, il n’y a aucune raison pour accorder un privilège à M. Sarkozy, mais la droite, qui revient de loin et peut-être pas pour longtemps, qui est talonnée par la droite extrême et contestée par l’UDF, peut-elle se déchirer une fois encore avant les élections ?
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