RENDU PUBLIC MERCREDI, un sondage France-Europe-Express France Info indique que la gauche se maintiendrait en Ile-de-France, en Paca, et en Aquitaine et qu'elle conquerrait Rhône-Alpes. Ce sondage tend à discréditer la théorie de « l'échange », c'est-à-dire des régions perdues et gagnées par la droite et par la gauche. Il semble bien au contraire que la droite perdrait un nombre de régions difficile à déterminer, sans pouvoir damer le pion à la gauche en Paca et en Ile-de-France où elle semblait avoir une chance.
A qui la faute ? Principalement au mouvement qui s'est dessiné au premier tour et montrait une forte avance (6 points d'écart en faveur de la gauche). Quel que soit le mode de scrutin, c'est le nombre de voix qui, en définitive, est déterminant.
Le cas de la Basse-Normandie.
Il demeure que les fusions ont été accomplies à gauche dans des conditions bien meilleures qu'à droite où l'acrimonie entre l'UMP et l'UDF est restée très vive. L'UMP n'a pas voulu négocier avec l'UDF là où le mouvement de M. Bayrou n'a pas obtenu 10 % des voix et ne pouvait donc pas participer au second tour. C'est une attitude logique, mais finalement peu constructive, puisque la colère de l'UDF l'a conduite, dans certaines régions, par exemple en Basse-Normandie, à ne pas donner de consigne de vote à ses électeurs.
La querelle entre l'UMP et l'UDF ne date pas d'hier et elle est en train de se transformer en schisme. Les gaullistes n'oublieront pas de sitôt un certain discours prononcé il y a quelque temps à l'Assemblée par François Bayrou et qui, par sa virulence, lui a valu de sévères remontrances dans le groupe UMP ; et des sarcasmes chez les socialistes qui lui ont demandé ce qu'il attendait pour passer à l'opposition... et rejoindre leurs propres rangs. M. Bayrou a fait un score relativement bon en Aquitaine (plus de 16 %) ; tout en se retirant de la course, il a accepté la fusion avec la liste de Xavier Darcos (UMP) dont les chances sont toutefois très faibles.
EXERGUE
LA REVANCHE DE JOSPIN A GAUCHE ET LA MALEDICTION LEPENISTE A DROITE
Le compte n'y est pas.
Il demeure que les bisbilles locales ne seront pas déterminantes. Tout simplement, pour la droite, le compte n'y est pas. Et la leçon qu'il faudra tirer de ce scrutin est double :
Premièrement, l'extrême gauche a perdu son pouvoir de nuisance. Si elle a séduit des électeurs il y a deux ans, ils l'ont boudée cette année. C'est la revanche de Lionel Jospin et le retour en force du Parti socialiste.
Deuxièmement, l'inverse est vrai pour la droite puisque le Front national s'institutionnalise un peu plus à chaque scrutin et devient une force politique permanente qui mine la droite classique. Or, l'électorat de Jean-Marie Le Pen ne semble pas du tout avoir été séduit par le programme de M. Raffarin ; et on peut douter qu'il aille rejoindre les rangs de l'UMP au second tour, même si son indépendance aura pour effet de faire gagner la gauche.
Bien que l'UMP et l'UDF se refusent, après des complicités qui ont été vivement dénoncées naguère, à envoyer tout signal au FN, le Front a réussi, avec le temps, à créer une force qui tantôt ruine la gauche, comme en 2002, tantôt nuit à la droite, comme cette année, alors que la gauche est structurellement minoritaire en France.
On s'est habitué à ce paradoxe parce qu'en maintes occasions la droite a pu gagner malgré le Front. Ce ne sera pas le cas au second tour des régionales et cette particularité politique, l'existence d'une extrême droite qui enlève de 12 à 17 % des voix à la droite parlementaire, pèse sur la vie économique et sociale du pays : en effet, ni les protestations de la gauche ni les incessantes manifestations dans la rue n'empêcheraient la droite de gouverner si le Front national ne la privait pas d'une frange décisive de l'électorat, celle, par exemple, qui lui aurait permis de gagner ces régionales.
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