Les Argentins sont fiers, patriotes et, dans leur grande majorité, de souche européenne, espagnole, italienne et même britannique. Ils habitent un pays d'une fascinante beauté, dont les richesses naturelles sont considérables. Avant la guerre, leur niveau de vie était identique à celui des Canadiens.
Ils n'ont pas été épargnés par les maladies spécifiquement latino-américaines, putschs militaires, basculement dans la dictature. Le succès du péronisme, mouvement populiste et démagogique, a contribué à aggraver une propension répandue au rejet du rationalisme. On ne fait ni des économistes ni des gens économes avec de tels ingrédients. L'Argentine est le pays d'Amérique du Sud qui a raté son retour à la démocratie : les libertés recouvrées n'ont mis fin ni à l'illusion d'une nation qui s'est toujours vue plus grande qu'elle n'était, ni aux expédients en matière économique et sociale. Le nationalisme argentin a un corollaire paradoxal, l'absence totale de civisme, non seulement dans la classe politique, corrompue quels que soient les partis, mais chez les riches, experts de l'évasion fiscale, dont les avoirs à l'étranger représentent les deux tiers de la dette internationale que l'Argentine ne parvient pas à rembourser.
On peut certes critiquer le Fonds monétaire international pour une politique de rigueur qui accable la classe moyenne et les pauvres ; on peut s'inquiéter de l'indifférence des Etats-Unis pour une faillite qui risque de contaminer le reste de la région, alors que Bill Clinton, il y a quelques années, a littéralement sauvé le Mexique, confronté alors à une crise d'ampleur comparable ; on ne peut pas ignorer le comportement des détenteurs de capitaux qui n'ont jamais misé un peso sur l'avenir de leur pays, où ils veulent bien gagner de l'argent mais refusent d'investir. On ne peut pas davantage ignorer l'ineptie des justicialistes (péronistes) qui a alterné avec celle des radicaux et l'aveuglement d'un peuple qui a cru trop longtemps ce que lui disaient ses dirigeants.
Peut-on craindre le retour de l'armée au pouvoir ? Elle est discréditée depuis sa terrible défaite face aux Britanniques lors de la guerre des Malouines. Mais le désespoir conduit souvent à un tel désir d'ordre, la démocratie aura été tellement décevante en Argentine, la crise sociale est parvenue à un tel paroxysme que les Argentins risquent de souhaiter une alternative au chaos qui serait en même temps un remède de cheval.
La solution passe nécessairement par une longue période d'austérité dont les dirigeants doivent atténuer les effets par des mesures spécifiques pour les chômeurs, les pauvres et la classe moyenne. Il n'y aura pas de pouvoir respectable en Argentine qui ne soit pas capable de tenir la dragée haute à la classe aisée. C'est à elle de payer la dette.
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