« The Hours » avait tous les ingrédients de la réussite autant que les périls de l'échec. A l'origine, un livre de l'Américain Michael Cunningham (« les Heures », Belfond), prix Pulitzer, faisant vivre trois femmes à des époques différentes, reliées par le roman de Virginia Woolf, « Mrs Dalloway ». Un récit entremêlant si subtilement les évocations qu'il semblait difficilement adaptable au cinéma.
Le metteur en scène Stephen Daldry, séduit par l'adaptation du dramaturge David Hare, a pourtant eu envie de s'y essayer. C'était avant la sortie de son premier film, « Billy Elliott », avec le succès mérité que l'on sait.
Il fallait évoquer à la fois l'Angleterre de Virginia Woolf, la Californie des années cinquante et le New York des années sida. Il fallait aussi diriger trois actrices d'envergure sans que l'une fasse de l'ombre aux autres. Et puis, choisir la piquante Nicole Kidman pour incarner la sombre Virginia Woolf, n'était-ce pas risqué ?
Daldry et ses comédiennes se sont vaillament tirés de l'épreuve. On passe sans rupture d'une époque à l'autre et la souffrance de la romancière trouve de parfaits échos dans la dépression de la femme au foyer face au vide de son existence ou de l'éditrice new yorkaise qui consacre son temps à son ami mourant.
Nul besoin d'avoir lu « Mrs Dalloway » (que Woolf avait songé à appeler « les Heures ») non plus que le livre de Cunningham. Il suffit de sentir la fragilité intime de ces trois femmes pour comprendre ce qui les lie. Et qui d'ailleurs peut les relier à tout être humain à la recherche d'un sens à l'existence et à la souffrance.
Nicole Kidman, méconnaissable sous le faux nez et le maquillage, est vibrante de l'inadaptation de Virginia Woolf, qui, de plus en plus malade, a fini par se suicider en se noyant les poches lestées de caillou. Julianne Moore a le visage lisse de la femme trop conforme à ce qu'on attend d'elle, comme dans « Loin du paradis ». Et Meryl Streep est émouvante dans le rôle de cette femme qui découvre qu'elle ne peut pas contrôler son existence et encore moins empêcher ceux qu'elle aime de souffrir, une Mrs Dalloway contemporaine.
« Il y a une véritable part d'héroïsme en elles, dit Daldry à propos de ses trois personnages. C'est une journée dans la vie de trois femmes. Mais peut-être que chaque jour est comme celui-là »...
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