La douleur chronique touche 7 millions de Français

Publié le 03/12/2003
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Groupement de sociétés associées indépendantes, Mundipharma, implanté en France depuis 2000, développe en particulier des thérapeutiques destinées à la prise en charge des douleurs chroniques sévères. Le laboratoire est à l'origine de la première étude européenne sur la douleur chronique, à partir d'une enquête menée dans 16 pays de novembre 2002 à juillet 2003 (en France, de novembre à décembre 2002).

Plus de 46 000 personnes ont été contactées par téléphone, 4 800 ont été sélectionnées pour un questionnaire détaillé en fonction des critères choisis : âge (18 ans ou plus), douleur durant depuis plus de six mois, avec un épisode douloureux dans le mois précédant l'enquête, niveau de douleur de 5 au moins sur une échelle allant de 0 à 10.
Ils sont sept millions en France, soit 15 % de la population, à souffrir de douleurs chroniques, dont 4,6 millions de façon quasi permanente. En Europe, la Norvège, la Pologne et l'Italie sont les pays où les pourcentages de patients douloureux sont les plus élevés (respectivement 30 %, 27 % et 26 %), alors que l'Irlande (13 %), la Grande-Bretagne (13 %) et l'Espagne (11 %) se situent dans la fourchette la plus basse.
Globalement, la douleur touche plus la tranche d'âge de 31 à 60 ans et les femmes (56 % des cas). Il s'agit le plus souvent de dorsalgies (44 %), de douleurs articulaires et d'arthrose (31 %), des disques intervertébraux (15 %), de migraines et de céphalées (15 %) ; les douleurs liées au cancer ne sont citées que par 3 % des patients.
En France, la durée moyenne du passé douloureux est de 5,7 ans, en Europe, de 7 ans, de longues années de souffrance qui ont des effets dévastateurs sur la vie socioprofessionnelle et familiale.
Si les deux tiers des patients douloureux semblent résignés et considèrent que leurs douleurs font partie de leur maladie, 18 % en France et 21 % en Europe souffrent de dépression liée à la douleur ; certains, même, confrontés à des douleurs intenses, mentionnent la mort comme une délivrance.

Une prise en charge insuffisante

En France, 34 % des patients douloureux chroniques ne se traitent pas, un sur cinq n'a jamais pris de médicament, un sur quatre a essayé, mais a arrêté son traitement.
Trente-huit pour cent de ceux qui se traitent ont recours au paracétamol, 25 % à l'aspirine, 19 % aux AINS et 4 % aux opioïdes forts.
Dans les autres pays européens, les patients utilisent majoritairement les AINS (45 %) et l'aspirine, suivis des opioïdes faibles et du paracétamol.
Selon l'enquête, la question de la douleur est rarement abordée spontanément par les médecins généralistes (26 %). Un patient sur trois pense que son médecin ne sait pas traiter sa douleur chronique ou qu'il préfère traiter en priorité sa maladie. Seulement 14 % des patients ont vu leur douleur évaluée à l'aide d'une échelle de mesure.
Au total, en France comme en Europe, un patient sur deux est satisfait du médecin qui le traite. Toutefois, en France, lorsque les patients douloureux sont traités, 80 % d'entre eux sont soulagés en moins de deux ans (contre 53 % en Europe).
Pour le Dr Francine Hirszowski (attachée au centre antidouleur de l'hôpital Saint-Antoine, Paris, et à l'unité de soins palliatifs de l'hôpital Paul-Brousse), la prise en charge de la douleur chronique doit encore progresser malgré les efforts réalisés ces dix dernières années, les médicaments disponibles, puissants et efficaces ne sont pas assez utilisés pour soulager les douleurs chroniques intenses.

* European Federation of IASP Chapters-International Association for the Study of Pain.

Dr Micheline FOURCADE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7439